En 2010, le Cross Corsen a mené 896 opérations dans sa zone de compétence. Un bilan qui marque une hausse d’activité puisque l’année précédente n’en avait totalisé que 784. à ce chiffre, s’ajoutent 650 affaires générales n’ayant pas entraîné la mise en œuvre de moyens de sauvetage nautiques, aériens ou terrestres, mais un travail d’enquête des opérateurs du Cross Corsen qui ont ainsi géré 1 544 opérations. Sur ce total, 5 % concernent des navires de commerce. Le bilan humain fait état de 1 454 personnes impliquées dans les opérations de sauvetage (1 309 en 2009). En hausse de 36 %, le nombre de décès ou disparitions à déplorer concerne 30 personnes (aucune en marine marchande).
En 2010, 50 382 navires (contre 45 492 l’année précédente) ont leur transit signalé par le DST d’Ouessant. Les 4 navires de commerce, signalés aux autorités chargées du contrôle par l’État du port, ont fait l’objet d’une inspection et un d’entre eux a été détenu. Tout comme est en baisse constante, le nombre des situations dangereuses, celui des pollutions observées.
Un constat qui ne rassure pas pour autant Jean-Charles Cornillou, directeur du Cross Corsen, qui pointe d’inquiétantes évolutions de l’activité maritime. « Le trafic commercial se caractérise par des navires de plus en plus grands, commente-t-il. Après les VLCC, les porte-conteneurs mesurent couramment plus de 300 m de long et 50 m de large. La taille et la capacité des paquebots suivent la même tendance, ce qui n’est pas sans poser une problématique en termes d’assistance ou de sauvetage. » Le plus important paquebot ayant fréquenté le DST d’Ouessant en 2010 transportait 4 953 personnes (lire p. 13).
De plus, le transport par conteneurs se rationalise en incluant des marchandises qui étaient, il y a peu, encore transportées en vrac ou saisies en cale. « Il convient de s’interroger sur les limites du transport par conteneurs d’un point de vue mécanique car, si les conteneurs sont bien saisis, le problème a été reporté à l’intérieur même de ces conteneurs. » Et puis, comment apercevoir la rangée de conteneurs effondrée si elle n’est pas visible de la passerelle et que l’état de la mer ne permet pas d’aller sans risque voir les dégâts sur le pont?
Enfin, les opérateurs du Cross Corsen notent que si des dispositifs de remorque d’urgence ont été imposés aux VLCC, il n’en est pas de même sur les porte-conteneurs et les paquebots, dont le gigantisme ne cesse de s’accroître. « Ces types de navires présentent un fardage bien plus important que les VLCC et mériterait une réflexion sur les limites de leur remorquage. »