Dans son édition du 3 décembre 1993, le Journal de la Marine Marchande reprend le débat qui s’est tenu à Amiens le 19 novembre après les concertations entamées auprès des professionnels sur le canal Seine-Nord. « Une première réunion concernant exclusivement la pertinence de la voie navigable. Il n’a été nullement question de se pencher sur un tracé, mais seulement de considérer si une infrastructure fluviale serait préférable à la construction d’une autoroute. » Au cours de la séance, les acteurs du fluvial et du ministère se prononceront pour la voie fluviale, validant ainsi l’idée de la construction de Seine-Nord.
Après 18 ans de débats, d’enquêtes publiques et d’analyses, le président de la République, Nicolas Sarkozy, a annoncé le lancement du dialogue compétitif. L’affaire est loin d’être dans le sac puisque ce dialogue doit permettre de trouver des partenaires financiers pour participer à la construction de ce canal. D’autant plus que les hypothèses de financement ne portent aujourd’hui que sur 97 % du coût total.
En décembre 1993, les services du ministère des transports ont calculé les potentiels de report de trafic depuis la route ou le fer vers la voie d’eau. Lors de la réunion d’Amiens de novembre 1993, les données statistiques de l’époque tablent sur un trafic de 16 Mt de trafic pour le futur canal, dont 3,3 Mt qui sont déjà réalisées entre le bassin séquanien et le bassin du Nord auquel les services de l’État ajoutent 12,9 Mt qui seraient transférées depuis le fer et la route vers ce mode. Construire un canal ne se fait pas aussi facilement que les gouvernements le souhaitent. Depuis cette réunion de novembre 1993 au cours de laquelle l’Union européenne a décidé d’apporter son soutien financier à hauteur de 25 %, le financement de cette infrastructure a du mal à trouver des pourvoyeurs. Deux ans plus tard, les études techniques sur le tracé débutent. En 1996, le tracé est décidé le long du canal du nord et le projet est estimé à 2,26 Md€. Au cours des quinze ans qui suivent, le canal Seine-Nord avance à l’allure d’une péniche souvent retardée par le passage des écluses. Il sera parfois laissé un peu de côté pour se voir préférer des infrastructures ferroviaires ou routières mais il continue son cheminement pour être inscrit en janvier 2009 comme une infrastructure intégrée dans le plan de relance de l’économie.
Seine-Nord continue d’avancer comme un long fleuve tranquille. Le projet a évité les déboires de son confrère Rhin-Rhône, exécuté sur l’autel de la politique environnementale en 1997. En 1993, le Journal de la Marine Marchande a titré, « Seine-Nord: le début de la consultation ». En 2011, Seine-Nord consulte toujours, mais auprès de financiers.