Le 5 avril, la direction de SeaFrance planchait devant les experts de la DG concurrence de la Commission de Bruxelles pour défendre le dossier de la recapitalisation. « Un dossier difficile », reconnaît Jean-Claude Dechappe, DGA de SeaFrance chargé des ressources humaines et de la communication interne, lourd, avec « plus de 200 M€ demandés », et de longue haleine puisque « le retour à l’équilibre est attendu pour 2016, dans une atmospwhère très concurrentielle ». Dans le même temps, la direction de SeaFrance convoque les 870 à 875 salariés qui resteront en poste après exécution complète du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) en référendum par correspondance. Les courriers sont partis le 1er avril et le dépouillement aura lieu le 14 avril. Le scrutin est confié à un huissier, garant de la confidentialité des votes.
Les salariés doivent répondre par oui ou par non à la question: « Êtes-vous d’accord pour poursuivre l’application du NPI (nouveau plan industriel, le plan de redressement en cours et présenté à la Commission, ndlr) en place jusqu’à 2016? » Jean-Claude Dechappe ne cache pas que cette démarche répond à l’action du Syndicat maritime nord CFDT majoritaire. Rappelons que l’avocat du syndicat, Me Brun, doit déposer quelque 265 dossiers au Conseil des Prud’hommes de Calais vers la mi-avril, qui remettent sérieusement en cause la pertinence et la bonne mise en place du NPI et du PSE. « La CFDT a beaucoup communiqué. Des bruits remontent à Bruxelles qui laissent croire que l’adhésion au NPI n’est pas totale. Nous devons donc, au contraire, montrer à la Commission, en expression libre, une adhésion complète du personnel. »
Devant l’instance européenne, les meilleurs arguments de SeaFrance sont en effet sur le terrain. « Le NPI est déjà réalisé. Nous sommes dans l’action. L’ajustement des effectifs est en place. Les résultats du début d’année sont en ligne avec le plan présenté à Bruxelles. Ce que nous avons dit est vrai. Je souligne aussi la détermination des salariés. Nous n’avons aucune grève aujourd’hui, et le taux d’absentéisme est en légère diminution », martèle Jean-Claude Dechappe. Le secrétaire général de la CFDT, Didier Cappelle, estime que « tout est déjà fait », s’étonne que « Bruxelles se soucie des états d’âmes des personnels » et doute que cette consultation soit menée « pour le bien des salariés de SeaFrance ». Mais « nous appelons à voter massivement oui », dit très clairement le syndicaliste. La CFDT ne veut pas porter le chapeau d’une éventuelle décision négative de la Commission.