Il y a 30 ans… dans le Journal de la Marine Marchande

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La Grèce est devenue en 1981 le dixième État membre de ce qui s’appelait alors la Communauté économique européenne (CEE). À cette occasion, un numéro de février 1981 du Journal de la Marine Marchande rapporte les propos échangés lors d’un débat sur les « conséquences maritimes » de cette adhésion. Un débat organisé par le groupe Transports maritimes de l’Association des anciens de Sciences Po. En ouverture des discussions, Pavlos Sarlis, secrétaire général du ministère de la Marine marchande de Grèce, a présenté la situation de la flotte de son pays. Au début des années 1980, la flotte grecque forme, avec 40 millions de tonneaux de jauge brute, 33 % de la flotte des pays de la Communautés économique européenne. Il y a aussi 14 % de la flotte sous pavillon de complaisance libérien qui sont exploités par des armateurs grecs. Cent quarante mille marins grecs sont embarqués sur des navires grecs. Le pays a ainsi l’effectif de marins le plus important au monde. Les navires grecs peuvent également embarquer jusqu’à 25 % de marins étrangers par rapport à l’effectif total de l’équipage. La flotte grecque exerce la majeure partie de ses activités dans le secteur du tramping, qui occupe 97 % de la flotte, tandis que la part des navires de lignes régulières n’est que de 0,38 %. Pavlos Sarlis a aussi indiqué que le taux de perte totales de navires grecs est en diminution depuis trois ans (soit 1978,1979 et 1980). Et que si l’âge moyen de la flotte grecque est élevé, cette dernière a aussi l’un des pourcentages de navires neufs les plus importants. Du côté des intervenants français, une unanimité se dégage diplomatiquement pour reconnaître que l’adhésion de la Grèce à la CEE est un événement très important du point de vue de la politique maritime. Mais elle suscite toutefois un certain nombre d’interrogations, voire des inquiétudes de la part de ceux qui représentent les gens de mer, qui craignent une marine marchande d’une très grande efficacité, qui a des méthodes particulières du point de vue commercial et du point de vue de la sécurité des navires. Il n’y a toutefois pas de bouleversements économiques à attendre de l’adhésion de la Grèce à la CEE; les conditions de concurrence seront les mêmes, assurent certains. Surtout, comme à chaque agrandissement de la CEE, une autre crainte, politique cette fois, se fait jour: le ralentissement des décisions avec l’arrivée d’un État membre supplémentaire dans les instances bruxelloises. D’autant plus que la Grèce est une puissance maritime dotée d’une attitude très libérale sur les problèmes du transport maritime. Cette position de la Grèce pourrait contrecarrer les efforts menés par la CEE pour définir une politique maritime qui procurerait un certain équilibre d’exploitation des navires, mais aussi des normes de sécurité et de qualification des équipages.

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