Catherine Cornu, pilote à la station de Rouen: les hasards de la vie

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« Le hasard de la vie fait bien les choses ». C’est un peu sous ce dicton que Catherine Cornu a mené sa carrière professionnelle. Après un bac scientifique passé « au début des années 1980 », Catherine Cornu n’a pas trop d’idées sur son futur. Son père est restaurateur et sa mère tient un salon de coiffure en région parisienne. « Je ne savais pas précisément ce que je voulais faire, mais je savais que je ne voulais pas aller dans un bureau avec une sorte de monotonie. » Au hasard de ses lectures menées dans sa dernière année de lycée, Catherine Cornu « tombe » sur un article sur les écoles de marine marchande dans le journal L’Étudiant. Après un tour place de Fontenoy, elle se décide à passer le concours d’entrée à l’Hydro du Havre. « Les premiers renseignements pris auprès des services de la place de Fontenoy m’ont permis de constater que ces métiers cadraient avec ma personnalité: du travail manuel, de la polyvalence et une partie plus intellectuelle. J’ai donc pris l’option de m’inscrire sans faire de préparations. » Le concours dans la poche, elle entre dans l’école du Havre dès sa sortie de baccalauréat. « Nous étions trois filles dans notre promotion. » Dès le premier embarquement, la première année, qu’elle réalise sur un minéralier des Chargeurs réunis, elle confirme sa première impression. « L’ambiance et la polyvalence des tâches m’ont plu. » Elle continue son cursus pour se retrouver ensuite sur des porte-conteneurs de la compagnie Delmas et des grumiers, du même armement. Elle continue pendant sept ans en tant que second. Ces années de navigation lui laissent un souvenir intact. Les relations avec les autres marins du bord se sont bien passées, « sans jamais avoir à souffrir de quelconques dénigrements à mon égard ». Cette vie aurait pu continuer pendant des années, mais, à l’époque, Catherine Cornu vit avec un marin qui souhaite revenir à terre.

Le choix de devenir pilote

« J’ai fixé à 35 ans une limite à la navigation, mais tout en gardant le contact avec la mer et les navires. » Un choix difficile qu’un nouveau hasard de la vie va faire basculer. Lors d’une escale dans un port français, un pilote la renseigne sur les concours dans les stations de pilotage. « J’étais plus à même à tenter des concours des affaires maritimes, mais en me parlant de ces conditions, je me suis lancée vers ce nouveau métier. » En 1999, elle décide de rejoindre la station de pilotage de Rouen. « Au début, certains pilotes ont été réticents, d’autres m’ont accueilli sans a priori. Pendant toute la préparation du concours, j’ai toujours eu une attitude professionnelle de la part de mes collègues. » Elle entre à la station de pilotage en juin 2000 après avoir réalisé ses sept années de navigation. Le pilotage est un métier difficile pour ses horaires décalés. « Je supporte aisément ces horaires et je m’y plais. Le pilotage est moins contraignant que la navigation au long cours et que la machine dans le golfe Persique. »

Première femme pilote en France, elle ouvre la voie à un nouveau métier pour ses consœurs. Le contact permanent avec des capitaines étrangers est souvent l’occasion de réactions parfois bizarres. Et Catherine Cornu raconte ce capitaine chinois et tout son équipage qui rigole à la vue de cette femme pilote arriver à bord. Une autre fois, un capitaine a été plus difficile à convaincre. « Chaque fois que je monte à bord d’un navire, je dois justifier mes capacités. Les premières minutes passées, les équipages voient que je suis comme les hommes. Le seul souci que je note aujourd’hui, c’est qu’en tant que femme, je dois toujours me justifier professionnellement quand les hommes n’ont pas à le faire. » Et ses confrères de la station de Rouen sont les premiers à reconnaître ses capacités professionnelles.

Seule femme pilote en France, elle ouvre la voie, « et j’espère que je ne serais pas l’unique femme pilote », précise Catherine Cornu qui aimerait bien que son exemple soit suivi. « Du professionalisme, de la diplomatie, un soupçon de souplesse de caractère et la tolérance à l’égard des femmes dans la navigation se fait sans embûches. »

Sera-t-elle la première femme présidente d’une station? « J’ai toujours été en mouvement, mais aujourd’hui, outre mes activités professionnelles à la station, je suis juge consulaire au tribunal de commerce de Rouen dans la section transport maritime. Chaque chose en son temps. » Catherine Cornu a su garder sa personnalité. Elle est pilote à la station tout en restant une femme dans sa vie privée, le mélange idéal pour faire avancer n’importe quel navire.

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