Au cours des deux dernières années, l’acheminement par le train a ainsi doublé en ce qui concerne les céréales pour atteindre l’an dernier 650 000 t. Plusieurs facteurs expliquent cet essor. D’une part, la Sica Atlantique organise désormais des trains complets à partir de la région Centre. D’autre part, le fait que les commissionnaires en transport fédèrent les sociétaires de la Sica facilite la négociation avec l’offre des transporteurs. Et aujourd’hui, les opérateurs et leurs clients sont effectivement convaincus que le regroupement des marchandises est la solution pour utiliser le fer. Un nouvel appel d’offres est en cours de préparation sur le ferroviaire quant au tractionnaire qui opérera pour la Sica.
Il y a trois ans, seulement 10 % à 15 % des volumes de céréales transitant par La Pallice y arrivaient par le rail. L’an dernier, cette proportion est passée à 25 % et devrait atteindre 30 % cette année. « C’est un mode de transport que nous privilégions », indique Stéphane Bodescot, directeur général adjoint de la Sica. « C’est une évolution inexorable du transport du vrac, liée à la faible valeur des produits. Nous envisageons même des investissements pour recevoir davantage de trains. » Sont notamment concernées par ce développement du rail les six coopératives sociétaires de la Sica présentes sur un axe La Rochelle/ Bourges et qui sont toutes déjà embranchées.
La Cogemar a fait un choix similaire pour la pâte à papier. Mais cette orientation avait failli en rester là en 2007, quand la SNCF a augmenté ses tarifs de 40 % pour les wagons isolés, puis en 2009, du fait de la crise. « Il y avait aussi de grosses difficultés de circulation des trains entre Lyon et Grenoble » où se trouvent certains destinataires, indique Gérard Falcomer, chargé de la logistique à la Cogemar. Le dossier a encore été repris l’an dernier. Les difficultés d’acheminement entre Lyon et Grenoble étant les mêmes que précédemment, la pâte à papier est désormais transportée par train jusqu’à une plate-forme à Vienne au nord de Lyon, puis termine le voyage par camion. « Cela représente 120 km par camion au lieu de 800. »
Depuis janvier, un train assure ce transport de la pâte à papier chaque mardi de La Pallice à Vienne, avec un chargement de 1 250 t. « Le train est ouvert à tout produit, souligne Gérard Falcomer, pas seulement à la pâte à papier, mais aussi au bois, à l’acier, etc. » Il précise aussi que chaque train représente 52 camions en moins sur les routes. Un argument qui correspond au souci actuel du groupe Bolloré d’une meilleure prise en compte du coût environnemental des transports. La Cogemar étudie aussi pour 2012 des possibilités de transport ferroviaire pour d’autres destinations.
Pour les produits pétroliers, enfin, même si l’acheminement se fait toujours essentiellement par camion, la société Picoty a été le premier client de l’opérateur ferroviaire portuaire. Elle s’est essayée elle aussi récemment au transport par rail, avec un premier train qui a acheminé des produits pétroliers entre La Pallice et La Souterraine.
Sur la zone portuaire elle-même, les 45 km de voies ferrées dont le port est propriétaire depuis 2008 ont toutes été rénovées et modernisées, tout comme les modes d’exploitation de ces voies ferrées. Il est également prévu d’améliorer les tronçons qui desservent le port, et notamment de doubler la voie pour l’instant unique qui relie la ville à l’entrée du port. Un autre projet est à l’étude, celui du contournement de la ville par le rail.
Quais et terre-pleins
En dehors du réseau ferré, les aménagements se poursuivent à un rythme de 15 M€ à 20 M€ par an. Les objectifs sont doubles: « développer l’accueil maritime et améliorer la compétitivité et la qualité de l’acheminement », comme l’indique Philippe Gaillard, directeur des opérations au Grand port maritime et président de l’OFP rochelaise. Côté quai, cela se traduit actuellement par l’achèvement des travaux de l’anse Saint Marc et, dans l’année, la finalisation des voiries pour l’accès terrestre et l’embranchement ferré. L’anse Saint Marc s’apprête à accueillir une nouvelle grue pour le déchargement des navires, un terminal cimentier et un centre de broyage de clinker. Il s’agit là d’une diversification des activités de la Sica, qui se chargera désormais de toutes les manutentions des produits débarqués sur cette partie du port. « Jusqu’à présent, notre activité était toujours liée au monde agricole, indique Stéphane Bodescot. Aujourd’hui, nous proposons aussi de la manutention pour des produits vracs, solides et liquides. » Côté terre-pleins disponibles, la proximité d’un quartier d’habitation contraint le port à gagner les nouveaux terrains dont il a besoin sur la mer. Le port de La Pallice vient ainsi d’aménager 50 ha supplémentaires avec l’anse Saint Marc et La Repentie, 50 ha qui s’ajoutent aux 220 ha existants.