Près d’un navire par jour, en moyenne de 30 000 t, chargé de produits pétroliers, escale sur les quais du GPMB qui enregistre 4 Mt par an de ces produits à l’import dont près de 3 Mt de gasoil. Cinq appontements sont dédiés à ce trafic, quatre sur le site spécialisé pétrochimique d’Ambès et un, privé, à Pauillac. Sur ces terminaux se dressent trois dépôts pétroliers d’envergure (lire encadré) faisant de la place portuaire bordelaise un carrefour de flux pétroliers. « Ce type de trafic est peu développé dans les ports alentours. De fait, les marchés viennent ici où notre atout est de disposer de grandes capacités de stockage », indique Thibault Guillon, chargé du trafic pétrole au port de Bordeaux.
Un pré-acheminement zéro camion
Un réseau très important de pipes relie ainsi Pauillac à Ambès, site lui-même connecté au dépôt de Bassens de DPA. La logistique des biocarburants est tout aussi bien rodée, trois usines sur un même espace à Bassens reliées par pipes sont raccordées pour la réception de graines, le transfert d’huiles et l’expédition de biocarburants. Bordeaux, qui est l’un des seuls ports en France à exporter du pétrole brut (250 000 t/an à 300 000 t/an), dispose de même de kilomètres de pipes construits dans les années 1960, reliant les puits de Parentis ou d‘Arcachon directement à Ambès. « Ces installations, outre l’aspect sécuritaire, offrent une grande productivité dans l’acheminement et une souplesse dans le contrôle des débits. Une interconnectivité qui serait, de nos jours, impossible à réaliser, mais qui fait qu’aujourd’hui on est compétitif », précise Thibault Guillon.
Coopération et modernisation
Autre visage de cette logistique bordelaise: les opérateurs de la place n’ont pas hésité à mutualiser leurs moyens pour le pré-acheminement et notamment dans l’occupation des appontements, comme sur le poste 511 d’Ambès utilisé prochainement tant par EPG que DPA. Ils multiplient de même les efforts pour augmenter leur capacité de stockage. La CCMP a refait dernièrement ses cuves. La société Sea Tank, spécialisée dans la fabrication de Diester, va doubler cette année son volume de stockage pour passer à 44 000 m3. DPA s’efforce de limiter la durée d’arrêt de ses cuves en cours d’inspection et a investi dans des postes de chargement plus modernes pour améliorer le flux des camions.
Le port de Bordeaux, lui, après avoir modernisé le poste 512 d’Ambès, devrait terminer d’ici un mois la modernisation du poste 511. Des structures d’appontement plus profondes permettront de gagner 2 m de tirant d’eau et d’accueillir de plus grands navires. « L’accostage et l’amarrage seront sécurisés. Assurer le confort pour les armateurs est un point essentiel sur lequel nous pouvons agir pour améliorer la performance de la chaîne logistique. Moderniser les appontements comme trouver de nouveaux espaces de stockage sont deux points majeurs pour gagner de nouveaux marchés », ajoute le responsable pétrole au GPMB. Enfin, dernier atout logistique: l’indépendance tant dans la manutention aux mains des opérateurs que dans une provenance diversifiée des produits. « L’essentiel des produits raffinés vient de Donges mais également de Scandinavie et de Russie. Cela permet une certaine souplesse d’approvisionnements qu’on a pu vérifier lors de la crise de novembre dernier. Bien que Donges ait été bloqué, le trafic a même augmenté durant cette période d’environ 20 %. »
Trois grands opérateurs
Desservant les réseaux de distribution de carburants situés dans le grand Sud-Ouest (Total, Esso, BP…), Docks des pétroles d’Ambès, DPA, qui pèse près de 6 % des hydrocarbures consommés en France, se révèle le plus gros client du port, réceptionnant 2 à 7 navires par semaine pour un tonnage annuel allant parfois jusqu’à 2,5 Mt. Cette société, pouvant stocker jusqu’à 270 000 m3 de gazoles, essences et fioul domestique, fait ainsi office d’une des plus grandes stations-service d’Europe accueillant un ballet de 300 à 500 camions-citernes par jour. Situé également à Ambès, se trouve l’opérateur EPG, Entrepôts pétroliers de la Gironde, qui réceptionne par mer 1,5 Mt par an de produits destinés aux GMS. Sur un autre créneau, la CCMP, Cie commerciale manutention pétrolière, avec 600 000 t importés par an et 400 000 m3 de stockage, fait figure essentiellement de dépôt stratégique de l’État. À eux trois, ils couvrent 97 % des approvisionnements pétroliers du Sud-Ouest, chacun occupant un marché spécifique. S’y ajoutent d’autres opérateurs tels que Cofrablack pour les huiles aromatiques, Vermilion pour de l’export de pétrole brut et Cobogal pour de l’import de gaz de pétrole liquéfié.