« C’est dans la nuit du 16 au 17 mars 1978 que le pétrolier libérien Amoco-Cadiz s’est échoué sur la côte de Bretagne (…). L’accident est très semblable à celui du Torrey-Canyon de 1967. Et si l’on compte l’Olympic-Bravery en janvier 1976 et le naufrage du Bohlen en octobre de la même année, c’est donc la quatrième fois que la Bretagne est victime de la marée noire. » Ainsi commence le tout premier article du Journal de la Marine marchande daté du jeudi 23 mars 1978 consacré à l’échouement de l’Amoco-Cadiz. Avant de revenir sur les détails de la catastrophe, l’auteur rappelle le contexte politique de l’époque avec « les derniers soubresauts de la campagne électorale » pour les législatives. L’occasion de se rappeler que le Premier ministre était Raymond Barre. « Venu inspecter lui-même la mise en œuvre du plan Polmar, il s’est vu reprocher par la municipalité de Brest, des écologistes et des autonomistes la faiblesse des moyens utilisés pour lutter contre la pollution. » Jacques Chirac promettait qu’il demanderait que « les pétroliers ne puissent plus naviguer à moins de 12 miles de nos côtes » tandis que François Mitterrand appelait à « voter pour son parti pour protéger nos côtes contre les pétroliers ». Ces réactions politiques étant rappelées, place à la description des faits. L’Amoco-Cadiz est un pétrolier de 233 690 tpl, appartenant à l’Amoco Transport Co, de Monrovia. Le navire appartient à une compagnie américaine, l’American Oil Co. « Il s’agit du type même de navire sous pavillon de complaisance de la catégorie du dessus du panier », relève le journaliste. L’Amoco-Cadiz avait été affrété pour 4 ans à compter de sa livraison par la Shell britannique et cette charte-partie expirait en juin 1978. Il transportait une cargaison de pétrole brut du golfe Persique à destination de Lime Bay (au nord de Guernesey et à l’ouest de Portland). Le navire a doublé Ouessant, puis à 8 miles au Nord est survenue son avarie totale de gouvernail. Informé de la situation de détresse du pétrolier, le remorqueur de sauvetage le Pacific est arrivé en moins d’une heure auprès de l’Amoco-Cadiz. L’assistance semble réussir mais « en raison du tonnage du pétrolier et des conditions atmosphériques, la remorque se brisa ». L’Amoco-Cadiz s’échoue sur les roches de Portsall. Il est ouvert à l’avant du château, deux de ses citernes sont éventrés et laissent s’échapper le pétrole. Puis le navire se brise en deux puis en trois. La pollution s’étale tout le long des côtes bretonnes. Une semaine après la catastrophe, la question essentielle de savoir pourquoi le risque de naufrage n’a pas d’abord été signalé aux autorités n’a pas encore de réponse. « L’alerte véritable n’a été donnée et les premières fusées lancées qu’au moment où le navire était sur les roches de Portsall. »
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Il y a 33 ans… dans le Journal de la Marine Marchande
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