Filiale du groupe John Fredericksen cotée à la Bourse de New York, Ship Finance International Ltd (SFI) a annoncé, le 21 mars, l’achat à CMA CGM SA de deux porte-conteneurs de 13 800 EVP, le Magellan et le Corte-Real, avec un lease-back de 15 ans au profit du groupe marseillais. Le prix de cession est de 171 M$ par navire, y compris un crédit vendeur subordonné de 55 M$ par unité. Cette transaction sera financée par un GIE fiscal français. L’investissement de SFI se limite à 25 M$ par navire et est garanti par des hypothèques de premier rang (junior mortgages).
Les navires seront gérés par une filiale de CMA CGM. La charte-partie à temps comporte une clause d’indexation afin de couvrir SFL en cas de hausse des coûts d’exploitation. La cession doit générer un cash flow disponible de plus de 7 M$. CMA CGM dispose de plusieurs options d’achat, la première commençant en 2014. L’opération devrait être effective dans les prochaines semaines.
Interrogée, CMA CGM la présente comme une opération « classique » de vente en lease back sur laquelle il n’y a rien à dire de particulier. Sauf que le groupe n’a pas, à notre connaissance, fini de restructurer sa dette et qu’il n’a pas confié cette opération à Global Ship Lease dont il détient environ 45 % et qui est aussi cotée en Bourse à New York.
Selon un praticien du financement de navire, cette opération fait entrer dans les caisses de CMA CGM 50 M$ pour les deux navires. Ce qui correspond à la part (15 %) que l’armateur doit apporter dans un GIE fiscal à la française. SFI va donc se substituer à CMA CGM. Il est hautement probable qu’aujourd’hui, du point de vue des banques, la valeur des navires a beaucoup baissé. Le différentiel, 55 M$, devrait être absorbé par une hausse des taux d’affrètement. Avec un peu de chance, ces navires pourraient même sortir du bilan de la compagnie.
Contrôlant l’armement au pétrole Frontline, John Fredericksen a fait ses premières armes dans le conteneur en exigeant de TUI, il y a trois ans, qu’il introduise le plus rapidement possible Hapag Lloyd en Bourse. La crise de l’automne 2008 a calmé ses exigences d’actionnaire très minoritaire.