Année 2000. Le port de Toulon représente alors 7 % de parts de marché de la desserte Corse avec quelques escales de navires de la SNCM. En décembre de la même année, un outsider est venu troubler l’ordre établi en jetant l’ancre dans le port varois, inaugurant un service vers Bastia opéré en car-ferry. La suite? Tout le monde la connaît. Marseille n’a cessé de perdre des parts de marché et s’est fait croquer par le petit port secondaire. En 2001, Corsica Ferries déploie son tout premier Mega Express sur Ajaccio et Bastia et les Français découvrent l’alternative.
En 2005, Toulon devient le premier port continental français relié à la Corse avec 785 000 passagers et traite 34 % du marché français. Toulon est devenu la base française de Corsica Ferries avec 768 838 passagers transportés au cours des quatre dernières années. Au fil des ans, les courbes s’inversent: Corsica atteint des sommets alors que la SNCM entame sa lente descente aux enfers. Les quelque 100 000 passagers transportés en 2000 au départ de Toulon ont disparu quatre ans plus tard. D’ailleurs, la SNCM jette l’éponge et se concentre sur Marseille et Nice.
En 2008, le port de Toulon comptabilise son millionième passager sur la Corse et voit ses trafics progresser de 4 %. À ce moment-là, Corsica Ferries règne en maître à Toulon, mais c’est sans compter l’arrivée d’un nouvel opérateur, Moby Lines, venu à son tour faire des vagues le 1er avril 2010, jour de l’inauguration d’une liaison vers Bastia avec le car-ferry Moby-Corse.
Corsica Ferries contre-attaque aussitôt en positionnant un navire supplémentaire, le Corsica-Vera, et jusqu’à 29 escales par semaine. S’ouvre alors une guerre tarifaire sans merci pour le plus grand bonheur des touristes qui sont toujours plus nombreux à se rendre en vacances sur l’Île de Beauté.
L’année 2010 s’achèvera sur une croissance de 23 % du trafic avec 1 408 633 passagers transportés et les escales de 1 134 ferries. Plus rien n’arrête la compagnie à la tête de Maure qui achève 2010 avec une croissance de 10,8 % à Toulon et 1 276 065 passagers transportés. Elle domine largement le marché avec 63 % sur le continent français.
Après moins d’un an d’exploitation, Moby Lines jette l’éponge en février 2011, invoquant la forte hausse du carburant et surtout une aide sociale au passager qui ne vient pas, creusant un peu plus ses comptes. La grande bataille navale n’aura finalement pas lieu, même si Moby Lines a réussi à grignoter 4 % de parts de marché avec seulement quatre rotations hebdomadaires vers Bastia contre un départ quotidien pour les navires jaunes. Pour 2011, Corsica Ferries annonce une augmentation de 3,35 % du nombre de traversées au départ de Toulon, alors qu’elle est contrainte de battre en retraite à Nice.
Vitesse de croisière
Au cours des dix dernières années, Toulon s’est également fait une place au soleil dans le secteur de la croisière en attirant les plus grandes compagnies internationales du secteur. De 40 escales de paquebots et 47 751 croisiéristes accueillis en 2004, le port de Toulon est passé à 268. 460 passagers et 115 escales de paquebots en 2010, soit une croissance de 124 % comparée à l’année 2009. Certes, Toulon est encore loin de Marseille qui flirte avec les 700 000 passagers. Un long chemin reste à parcourir pour figurer sur les circuits de croisière des plus grands. Il n’empêche qu’en 2009, après une période de test, Royal Carribean, 2e armement mondial, choisi le petit port varois pour ses escales françaises. Cette année-là, les trafics bondiront de 66 %. Imitant le grand port voisin, Toulon multiplie les opérations de marketing et crée à son tour son Club de la Croisière, baptisé Var Provence Cruise Club, qui fédère depuis 2008 la CCI du Var et le Conseil général. Toulon participe activement au Seatrade de Miami où se tient chaque année la grand-messe du secteur. En novembre 2010, Toulon a été récompensé au Seatrade Med de Cannes pour son dynamisme en matière de promotion et de marketing.