« Sète veut doubler de taille d’ici à 2020 »

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Journal de la Marine Marchande (JMM): Quelle est la stratégie de Sète par rapport à Marseille et Fos?

Marc Chevallier et Arnaud Rieutort (M.C./A.R.): Ne comparons pas ce qui n’est pas comparable. Ces deux ports pèsent 100 Mt quand nous atteignons 3,4 Mt. Nous avons, bien sûr, une stratégie commerciale et d’extension du port, mais elle n’est pas calquée sur les déboires des autres. Nous ne nous en préoccupons pas.

JMM: Quelques mots sur ce plan « made in Sète »…

M.C./A.R.: Depuis 2007, année où la Région Languedoc-Roussillon est devenue propriétaire du port de Sète, des négociations se sont nouées avec des partenaires privés. Sintax importe des voitures Renault, Toyota et Hyundai. Le trafic devrait bondir de 60 000 voitures en 2010 à 80 000 en 2011. Trois gros projets industriels ont vu le jour: Centre Grains a investi 26 M€ dans un nouveau silo d’une capacité de stockage de 500 000 t/an, livré en juillet 2010. Lafarge Ciments, 50 M€ dans la construction d’une nouvelle usine de broyage de clinker et d’ensachage, opérationnelle depuis janvier, et GF Group (Reefer Terminal Sète), 25,4 M€ dans un terminal fruitier ayant, comme principal client, Agrexco. Ce dernier souhaitait quitter Marseille et a choisi Sète. L’inauguration de ce terminal, d’une capacité annuelle maximale de 500 000 t et gérée par la filiale française Reefer Terminal Sète (président, Bernard Houillier), est prévue courant mai. Ce trafic de fruits et légumes sera générateur dans un premier temps de 60 emplois. Les effectifs pourraient monter rapidement à 200. Reefer Terminal Sète va capter d’autres mouvements d’importations de fruits et légumes, ou agrumes, en provenance vraisemblablement d’Amérique latine, dès 2012.

JMM: Agrexco a-t-il d’autres projets à Sète?

M.C./A.R.: Bien sûr. Il débarque depuis octobre ses conteneurs (18 000 par an) à Sète et exporte vers Israël des véhicules (Peugeot essentiellement, environ 8 000 par an). À ce jour, Agrexco débarque ses marchandises palettisées de fruits et légumes à Vado. En mai, lors de la mise en service du terminal fruitier, cette escale sera transférée de Vado à Sète. Agrexco traitera alors la totalité de son trafic à Sète.

JMM: Quelle est votre politique en matière de conteneurs?

M.C./A.R.: La Région construit un nouveau quai de 467 m (quai H) sur la darse 2 pour accueillir les grands porte-conteneurs et feeders de toutes provenances, dont Tanger Med. La livraison est prévue en 2014. Le port sera alors doté de quatre portiques, deux sur le futur quai H et deux autres sur le quai E (un seul à ce jour). C’est une stratégie conteneurs agressive car, avec le futur quai H bénéficiant de 13 m de tirant d’eau, une place est à prendre sur ce marché.

JMM: En 2020, où en sera le trafic du port?

M.C./A.R.: Nous ciblons entre 7 Mt et 8 Mt. C’est réalisable, mais c’est un maximum. Sète a des atouts en termes d’intermodalité, mais est limitée d’un point de vue spatial. La zone portuaire s’étend sur 140 ha. Tous nos espaces seront utilisés, d’où la prospection de foncier en appui du port. Un port ne se développe pas sans hinterland. Une zone d’aménagement différée a été créée par arrêté préfectoral à Poussan (environ 8 km du port). Les études avancent. Il faudra trois ou quatre ans minimum. D’autres terrains sont recherchés, à Frontignan notamment. La bataille se gagnera à terre. Le port doit être relié à des plate-formes logistiques. Les marchandises ne doivent pas stationner dans le port. Après la mise en place d’une politique maritime et portuaire régionale, il faut poursuivre par une politique de logistique régionale. L’impact sur l’emploi est considérable!

JMM: Comment l’EPR est-il perçu par la communauté portuaire?

M.C./A.R.: Le monde portuaire sètois dans son ensemble (transitaires, manutentionnaires, agents maritimes, ouvriers portuaires, pilotage, lamanage, remorquage…) a compris que le nouveau propriétaire du port était prêt à jouer le jeu et à construire leur avenir. Pendant des années, l’État, ancien propriétaire, n’a pas mis un sou. Les quais n’ont pas été refaits, le matériel était obsolète. La CCI, ex-gestionnaire, avait peu de moyens. Rien n’était fait. En 2007, Georges Frêche a annoncé un plan d’investissement de 200 M€ sur dix ans par la Région L.-R., pour une remise à niveau des infrastructures: quais, zones de stockage, terre-pleins, aires de carénages. L’EPR va investir de son côté 100 M€: portiques, grues, bennes, élévateur de l’aire de carénage, réfection de la nautique du Môle Saint-Louis, réfection du quai de la consigne, aménagement du bassin de midi, éclairage, fibre optique, caméras, sûreté/sécurité, nouveau bâtiment Pif/Pec (bâtiment phytosanitaire et vétérinaire)…

JMM: Marc Chevallier, c’est Georges Frêche, disparu en octobre 2010, qui vous a choisi pour présider le port de Sète. Quel rôle jouait-il et quel souvenir gardez-vous de lui?

M.C./A.R.: Sa disparition est un coup dur. En homme érudit, Georges Frêche plaisait aux étrangers. Dans les repas d’affaires, il apprenait aux Israéliens, aux Italiens, des choses sur l’histoire de leur propre pays! Il aimait par ailleurs que les gens mettent de l’argent sur la table. Il avait compris que quand un industriel investit, c’est pour faire tourner sa boutique. Cela dit, la nouvelle équipe (présidée par Christian Bourquin, ndlr) poursuit sur la voie tracée par Frêche, les projets lancés se poursuivent.

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