Ils sont cinq agents maritimes à se répartir le trafic du port de Sète. chacun a sa spécialité et ses compétences propres. Entre Féron de Clebsatel, agent de la ligne d’Agrexco et Delom Portuaire, spécialisé sur les lignes régulières en passant par Biron et Cie et Euromer, les agents maritimes du port de Sète affichent des développements. Deux camps se distinguent dans cette profession. D’un côté, les agents maritimes en croissance à l’image de Delom Portuaire, de Biron et Cie et de Féron de Clebsatel dont l’activité est dopée. De l’autre, Euromer, opérant sur les trafics passagers notamment pour les deux armements marocains Comanav et Comarit dont les difficultés en 2010 sont loin d’être effacées. Au milieu de ces deux camps, Navitrans reconnaît souffrir des travaux actuellement entrepris dans le port mais reste optimiste sur les prochains mois pour bénéficier des effets positifs de ces travaux. Un phare guide les ambitions de ces agents: faire du port héraultais un nouveau centre logistique d’importance sur la région et dans le bassin méditerranéen.
Delom Portuaire SAS
• Activité: transitaire, consignataire de navires, manutentionnaires, courtier en affrètement
• Cinq salariés
• Président: Antoine Jourde
« L’arrivée de lignes conteneurs dope notre activité »
Delom a principalement traité en 2010 des navires bétaillers: 80 navires, transportant 80 000 bovins et 33 000 ovins. Les destinations sont le Liban, l’Algérie, le Maroc et la Tunisie. Les animaux proviennent principalement de France, d’Allemagne et d’Espagne. Au 8 mars, 25 navires ont déjà été traités, représentant 26 000 têtes. « Le CA (1,6 M€ en 2010) devrait progresser d’environ 30 %, indique Antoine Jourde. De plus, notre activité d’opérations de transit est boostée par l’arrivée, en octobre 2010, de deux lignes conteneurs, Medcar et MAE. »
Navitrans
• Activité: exportation de roulants
• Quatre salariés
• Responsable: Hélène Tarroux
« Un grand merci à Georges Frêche »
« En association avec Grimaldi, nous opérons depuis janvier deux escales par mois, au lieu d’une auparavant. Nous exportons vers l’Afrique de l’Ouest (Dakar, Lomé, Cotonou et Lagos) des vieux camions et des conteneurs de nitrate d’ammonium », explique Hélène Tarroux. Les perspectives 2011 sont jugées « bonnes. La Région L.-R. nous a choisis pour gérer les véhicules usagers partant à l’exportation. Le parc est constitué d’environ 300 roulants ». Concernant les travaux en cours et à venir: « L’EPR a mis de l’ordre. D’un côté, leurs travaux nous pénalisent. Les possibilités d’accostage sont réduites en ce moment. La moitié du quai E est accessible. Mais on serre les dents, car on sait qu’au final, l’outil sera plus performant. » Georges Frêche a souvent insisté sur l’importance logistique du port de Sète dans le développement économique du Languedoc-Roussillon. Un discours qui a plu à Hélène Tarroux: « Nous sentons une nouvelle dynamique, une motivation chez nos interlocuteurs. Nous pouvons dire un grand merci à Georges Frêche. Il a été un sauveur. 200 M€ injectés, c’est une bouffée d’oxygène. Il y a cru, il a bien fait d’y croire. Il a compris l’importance logistique du port. On peut le bénir dans la communauté portuaire. »
Euromer
• Activité: traversées maritimes par ferries
• Siège: Montpellier
• P.-d.g.: Philippe Sala
• 120 salariés
• CA: 45 M€
« Conjoncture difficile »
« À part Comanav et Comarit (destinations: Tanger et Nador), aucune compagnie n’a de projet au départ de Sète. La conjoncture est difficile pour toutes les compagnies maritimes. Tous les résultats pour 2010 ont été revus à la baisse. Je ne connais pas de compagnie qui créerait une nouvelle ligne au départ de Sète! En 2011, les réservations marchent très mal. Les gens sont inquiets par rapport au Maghreb. Maintenir l’activité au départ de Sète (200 000 passagers en 2010) serait déjà un exploit. Le projet de gare maritime (65 M€, porté par la Région L.-R.) tarde un peu. Si on veut attirer, il faut que nos tarifs soient attractifs. Nous sommes plus chers de 30 % à 50 % pour un armateur par rapport à un départ de Barcelone. C’est lié au montant des charges et des taxes… Ils ne donnent pas suite. Ce que les collectivités font pour les compagnies aériennes low cost, pourquoi ne le feraient-elles pas pour les compagnies maritimes? Ce qui est versé chaque année pour Air Arabia au départ de Montpellier est énorme. Ça se chiffre en plusieurs millions d’euros chaque année. Les armateurs veulent juste une aide au démarrage, pas à l’année. Mais sans moyen, on ne peut pas se développer. »
Philippe Sala prévoit un rapprochement assez rapide « entre les compagnies marocaines Comarit et Comanav et des compagnies européennes. Il y a urgence à renouveler la flotte. Avec un bateau nouvelle génération à Sète, on fait un malheur. Il y a un gros potentiel à Sète pour capter les camions. Et une offre de meilleure facture attirerait une clientèle européenne, arriverait la veille ou l’avant-veille et ferait marcher économie locale. La balle est dans le camp des compagnies marocaines ».
Feron Clebsattel
• Activités: agent maritime, manutention portuaire, transport terrestre de conteneurs et commissionnaire de transport
• D.g.: Christophe Buisson
• 300 salariés
Création d’une agence cet été
« Feron est agent maritime d’Agrexco depuis 20 ans. Nous ouvrirons cet été une agence Feron à Sète, pour assurer nos métiers d’agent maritime et consignation, de transport terrestre de conteneurs et de commissionnaire de transport. Cette agence aura dans un premier temps entre trois et cinq personnes. Nous nous devons d’être présents sur le port de Sète, en partenariat avec l’ensemble des acteurs locaux. »
Christophe Buisson croit dans le développement du port de Sète. « Sur l’ensemble de la Méditerranée, Sète a vraiment sa place, sur des trafics de niche, à l’exemple des fruits et légumes. D’autres niches peuvent être explorées, comme le ro-pax, assuré pour l’instant par la seule Comarit. Or, c’est un vrai marché. Sur le segment du conteneur, des accords peuvent être conclus avec des pays du bassin méditerranéen. Vu le poids croissant de Tanger Med, et la taille de plus en plus importante des navires, les armateurs recherchent désormais à éclater des volumes sur des hubs techniques. Sète doit se positionner en complément de Fos/Marseille, avec la mise en place des feeder reliant Tanger. »
Biron et Cie
• Activité: trafic de vins
• P.-d.g.: Jean-Baptiste Biron
• 17 salariés
• CA 2010: 4,5 M€
Un nouveau chai en projet
Seul opérateur spécialisé dans le trafic de vin (4 % des vracs liquides), Biron enregistre 600 000 hectolitres en 2010 et mise pour une activité stable en 2011. « Les vins de table sont beaucoup moins consommés en France. Nous nous orientons vers des produits industriels: jus de raisin, mouts de raisin, vin blanc à 10 degrés… », explique Jean-Baptiste Biron. Ce dernier porte un projet de construction d’un nouveau chai sur la zone portuaire. Le coût estimatif s’élève à 4 M€. « Ce projet ne devrait pas sortir cette année. L’EPR Port de Sète me demande des perspectives sur 30 ans. Vu qu’il y a peu de places disponibles sur le port, le gestionnaire veut avoir des garanties sur la durée avant d’attribuer des places. Or, je ne peux pas établir des projections à si long terme. »