Tokyo et tous les ports situés au sud de la capitale (Kawasaki, Yokohama, etc.) ont repris leurs activités après une brève fermeture intervenue à la suite du tremblement de terre du vendredi 11. Les autres ports de l’archipel, de moindre importance du point de vue des volumes, restent fermés pour permettre une estimation des dégâts. Les ports du Nord-Est (Hachinohe, Sendai, Ishinomaki et Onahama) sont si endommagés qu’il est peu probable qu’ils soient opérationnels avant des mois, voire des années. Par Hachinohe arrivent les produits pétroliers destinés aux bateaux de pêche et aux installations militaires américaines basées au Japon et en Corée du Sud. Via Sendai transitent de nombreux produits manufacturés allant des biens en caoutchouc aux papiers en passant par de la machinerie. Sendai a été le plus proche de l’épicentre du tremblement de terre. Selon le Lloyd’s List Intelligence, son trafic conteneurs est de 100 000 EVP en 2009. Sendai Gaz n’est pas en mesure de dire dans quel état est le terminal GNL qui se trouve non loin du port. Tous les autres terminaux GNL sont opérationnels. Les installations du relativement grand port de Kashima (conteneurs et pétrole brut) sont toujours fermées mais pourraient rouvrir dans les prochaines semaines.
Les ports « secondaires » de Hitachinaka, Hitachi, Soma, Shiogama, Kesennuma, Ofunato, Kamashi et Miyako sont également endommagés.
Le très important port de Chiba (pétrole brut et GNL) situé en baie de Tokyo a repris une partie de ses opérations avec un seul terminal exploité par Cosmo Oil.
La raffinerie de cette société d’une capacité de 220 000 b/j est toujours en feu, feu qui a pris dans les cuves de stockage. La raffinerie de Kyokuto Petroleum, toujours à Chiba, n’a pas encore rouvert.
D’autres installations pétrolières ou parapétrolières ont fermé ou fonctionnent au ralenti par manque d’électricité, manque qui affecte bien sûr d’autres types d’industries.
Sans composants japonais, pas de production chinoise
À la lecture des journaux économiques, on semble redécouvrir l’importance du Japon en termes de fournisseur de composants électroniques et autres « petite » pièces sans lesquelles les industries informatique et automobile américaines, par exemple, vont avoir du mal à maintenir leurs productions. Selon La Tribune du 16, l’industrie automobile américaine dépend à 14 % de ses achats de pièces détachées du Japon. En Corée du Sud, Renault Samsung fait venir environ 18 % de ses pièces du Japon.
« L’atelier de montage chinois » dépend des sous-systèmes électroniques assemblés en Corée du Sud ou à Taiwan à partir d’éléments fabriqués au Japon.
Si la mode du « zéro stock » des années 1990 est toujours de mise, les prochains jours risquent d’être difficiles dans la zone intra-asiatique, indépendamment de la menace de contamination radioactive. Selon Mærsk Line, cette zone a connu, en 2010, une hausse moyenne des taux de fret de 19 % et des embarquements en croissance de 37 % (JMM du 25/2, p. 6).
En espérant que le Japon reprenne le contrôle des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima, les conséquences financières de ce tremblement de terre devraient excéder les 100 Md$ qu’a coûté le séisme de Kobe en 1995 dont la magnitude n’était « que » de 7,2.
Selon CMA CGM
Interrogée sur la situation au Japon, CMA CGM nous a donné, le 16 à midi, les informations suivantes: « Les terminaux à conteneurs où font escale nos navires (Tokyo, Kobe, Yokohama, Hakata, Shimizu, Moji, Nagoya, Hiroshima, Osaka) fonctionnent normalement. Nos navires continuent à les desservir mais évitent la zone nord-est du Japon. La région concernée par le tremblement de terre n’est pas industrielle. La production des usines est ralentie par manque d’effectifs et par des problèmes de transport. Mais à terme, elle reprendra car elle n’est pas dans la zone sinistrée. De plus, le volume import devrait fortement augmenter durant la reconstruction. En 2010, le Japon faisait partie des cinq plus grands exportateurs mondiaux, représentant 5 % des conteneurs exportés dans le monde selon Global Insight. Concernant les volumes du Japon dans l’intra-Asie, l’Intra Asia Discussion Agreement a indiqué qu’en janvier 2011, le Japon représentait 14 % des volumes exports et 19 % des imports de la zone. »