Le terminal méthanier de Zeebrugge est installé sur une presque île gagnée sur la mer. Sa mise en service en 1987 a répondu à la signature d’un contrat d’approvisionnement à long terme avec l’Algérie. À cette date, la capacité annuelle du terminal était de 4,5 Mdm3 et son design comprenait un appontement, trois réservoirs de stockage et une usine de regazéification. À l’approche de l’échéance de ce contrat, une consultation du marché a été lancée. Trois nouveaux contrats à long terme ont été signés avec Qatargas/Rasgaz, Distrigaz et GDF. Fluxys, gestionnaire du terminal, a alors décidé de doubler la capacité annuelle du site car à eux trois, ces clients réservaient pour 9 Mdm3. Entre fin 2004 et le printemps 2008, des travaux ont été réalisés pour construire un quatrième réservoir de stockage et une deuxième usine de regazéification. L’extension de la capacité de Zeebrugge ne devrait pas s’arrêter à ce niveau de 9 Mdm3. Dès 2007, Fluxys a lancé une consultation du marché pour « évaluer l’intérêt pour des capacités additionnelles. Plusieurs acteurs ont alors affiché un intérêt non engageant ». Cette étape a permis à Fluxys d’affiner son projet de deuxième extension du terminal de Zeebrugge. Ce dernier pourrait comporter, à l’horizon 2014-2015, un deuxième appontement, un cinquième réservoir et une plus grande capacité d’émission. La phase engageante de consultation de marché pour réaliser ce projet a été lancée officiellement début février 2011. En attendant la concrétisation de ce projet, un vaporisateur à eau de mer pour le réchauffement du GNL est en cours de construction. Il viendra s’ajouter au système à l’eau douce. Mais compte tenu de la température généralement assez fraîche de la mer du Nord, il faut aussi prévoir un chauffage de l’eau de mer.
Plusieurs connexions terrestres et maritimes
Au-delà de ces développements passés et futurs, l’activité actuelle du terminal de Zeebrugge apparaît largement positive. Le site « a connu une activité intense en 2009 et 2010, souligne Fluxys, 78 navires ont été déchargés en 2009, 71 en 2010 contre 37 en 2008 ». Les déchargements effectués en 2010 reviennent à une importation de 4,58 Mt de GNL, soit 6 Mdm3 de gaz naturel, sachant que la consommation de la Belgique en gaz naturel s’élève à 19 Mdm3 et celle des 27 pays membres de l’Union européenne à 500 Mdm3. La plupart des navires ont été chargés à Ras Laffan au Qatar. Zeebrugge accueille aussi des navires chargés de GNL de Norvège, d’Égypte, du Nigeria, du Pérou et de Trinidad et Tobago. Si le site peut accueillir les méthaniers de type Qatar Flex (217 000 m3), il peut également recevoir les plus petits de 7 500 m3. Au total, depuis 1987, ce sont 1 200 navires qui ont accosté au terminal belge, soit un navire par semaine en moyenne. Il faut aussi relever que, si la capacité du terminal est entièrement souscrite par des contrats à long terme sur le marché primaire à chaque fois que le planning des navires laisse suffisamment de temps, le gestionnaire du site propose le ou les slots disponible(s) sur le marché. En 2010, 16 slots supplémentaires ont ainsi été proposés. Il en va de même quand les utilisateurs du terminal ne font pas usage de leurs slots réservés. Une fois averti par ses clients, Fluxys met à disposition les slots non utilisés sur le marché secondaire. En 2010, 20 slots ont été mis en vente. Mais si Zeebrugge constitue un point central en Europe pour le marché gazier, ce n’est pas seulement grâce à ses installations dédiées au GNL. Le port belge bénéficie aussi de plusieurs connexions terrestres et maritimes avec différents pays européens. En 1998-1999, il y a eu la mise en service de la canalisation sous-marine Interconnector UK entre Bacton et Zeebrugge et celle de la canalisation terrestre entre les Pays-Bas, l’Allemagne et Zeebrugge. Une autre canalisation sous-marine relie la Norvège et Zeebrugge tandis qu’une connexion terrestre existe également avec la France. Une situation particulièrement mise en avant par Fluxys: « C’est dans la zone de Zeebrugge qu’arrive du gaz naturel de Norvège et du Royaume-Uni, mais aussi le GNL acheminé par méthaniers. Le gaz naturel en provenance des Pays-Bas et de l’Est peut également atteindre Zeebrugge via les canalisations de transit. Zeebrugge est donc une porte d’accès dans le nord-ouest de l’Europe, offrant une flexibilité maximale dans la destination des flux gaziers. Des livraisons sont possibles dans toute cette partie du continent via l’axe de transport est-ouest permettant d’accéder au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et à l’Allemagne mais aussi via l’axe nord-sud permettant d’accéder à la France et au sud de l’Europe. » Au total, la zone de Zeebrugge a une capacité d’environ 48 Mdm3 de gaz naturel par an, ce qui représente près de 10 % de la capacité frontalière nécessaire à l’approvisionnement de l’Union européenne, souligne encore Fluxys. Cette « position unique » a entraîné la création du « hub de Zeebrugge, le premier marché gazier à court terme en Europe continentale ». Cette sorte de Bourse d’échange du gaz naturel compte à ce jour 77 traders et affiche un volume net négocié de 62,3 Mdm3 négociés, en essor régulier depuis sa création en 1998-1999.