De l’avantage de développer l’existant

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Elengy, filiale à 100 % de GDF, constitue à ce jour le seul exploitant de terminaux méthaniers en France. Le groupe GDF a créé Elengy en janvier 2009 pour se conformer à une demande de Bruxelles de filialisation de son activité terminaux méthaniers et à l’évolution de la réglementation européenne. Elengy est donc à la fois une jeune société et l’héritière de l’activité de GDF en matière de conception, de développement, d’exploitation et de maintenance de terminaux méthaniers depuis plus de quarante ans. Elengy possède et opère les sites de Montoir-de-Bretagne, sur la façade atlantique, au sein du port de Nantes Saint-Nazaire, et de Fos Tonkin sur la façade méditerranéenne, dans l’emprise du Grand port maritime de Marseille (GPMM). Elle exploite le terminal de Fos Cavaou, propriété de la Société du terminal méthanier de Fos Cavaou (STMFC), dont Elengy détient 72 % du capital et Total 28 %. « Parmi nos objectifs, il y a la volonté de développer les trois sites avec le sentiment que nous avons les meilleurs projets, c’est-à-dire les moins onéreux et les moins impactants, avec une capacité totale d’extension équivalent à plus d’un gros terminal méthanier. Nous voulons créer de nouvelles capacités de réception du GNL en France à partir de celles déjà existantes. C’est notre logique. Et cela permet de proposer aux clients les services du terminal à des tarifs moins élevés. Car réaliser des extensions de sites coûte moins cher que des constructions ex nihilo », témoigne Thierry Trouvé, directeur général d’Elengy. C’est dans ce cadre qu’il faut situer le projet Cap Tonkin, modernisation du terminal de Fos Tonkin, en service depuis 1972. Les capacités de ce site, entre 5,5 Mdm3 et 7 Mdm3, sont commercialisées jusqu’en 2014. En 2010, 128 navires ont été déchargés à Tonkin, soit plus de 5 000 navires réceptionnés depuis son ouverture. La construction d’un nouveau réservoir en remplacement des deux existants les plus anciens et d’un nouvel appontement ou l’adaptation de l’appontement existant pour optimiser l’amarrage des navires de 75 000 m3 (MedMax) permettrait de prolonger l’exploitation de Tonkin de 20 ans à partir de 2015, assure Elengy. Cette dernière évalue le coût des travaux entre 250 M€ et 430 M€, selon les options choisies, à comparer aux 800 M€ du Gate Terminal à Rotterdam ou aux 2 Md€ de Toscana Offshore en Italie. Les résultats du débat public pour Cap Tonkin ayant été plutôt positifs (voir JMM no 4759), le maître d’ouvrage dispose de trois mois pour faire connaître sa décision de poursuivre son projet ou non. La capacité d’émission de gaz naturel de Tonkin demeurera la même et continuera à accueillir des méthaniers en provenance d’Algérie et d’Égypte. Sachant que « le volet commercial de l’opération n’est pas complètement finalisé, précise Pierre Cotin, directeur stratégie, développement et commercialisation. Un nouvel appel au marché va être lancé en 2011. Le premier s’étant déroulé au moment le plus fort de la crise économique et financière ».

Deux projets d’extension envisagés

Du côté de Montoir-de-Bretagne, ce sont aussi les besoins exprimés par le marché qui décideront des développements à réaliser. Deux projets d’extension sont envisagés pour le site. L’un porte sur une augmentation de 25 % des capacités, soit 12,5 Mdm3. L’autre envisage une montée à 16 Mdm3 et nécessiterait la construction d’un quatrième réservoir. En attendant, des travaux sont en cours à Montoir depuis 2009 et devraient durer jusqu’en 2013 pour déjà prolonger la durée de vie du site jusqu’en 2035 à capacités égales (10 Mdm3). En 2009, 79 navires ont été déchargés à Montoir, dont 40 différents, « la preuve que le terminal est fiable et extrêmement ouvert », souligne Pierre Cotin. Dernier-né sur le territoire français, le terminal de Fos Cavaou ne répond pas à l’objectif de développement d’un site existant prôné par Elengy. Mais il s’est agi de pouvoir réceptionner des méthaniers de grande taille sur la façade méditerranéenne, suite à la signature de contrats entre GDF et l’Égypte au début des années 2000. Ces méthaniers ne pouvant, pour des raisons nautiques, accéder à la darse de Fos Tonkin. La capacité de Cavaou est d’un peu plus de 8 Mdm3 répartis entre GDF et Total. Et 10 % sont réservés pour des opérateurs tiers, précise Elengy. La taille importante du site, supérieure aux standards européens, rend possible des augmentations significatives de capacités (16 Mdm3). « Implanter un nouveau terminal méthanier en France ou en Europe n’est pas facile à faire accepter », relève Thierry Trouvé. Le calendrier de Fos Cavaou a d’ailleurs pris du retard pour finalement accueillir son premier navire en octobre 2009 et obtenir la possibilité de fonctionner à 100 % en août 2010. Deux navires sont programmés par semaine. « Pour nous, nos trois terminaux sont des infrastructures GNL dans un contexte régulé, assumé. Nous voulons avoir un maximum de clients et leur permettre de livrer leur cargaison sur le marché français et européen. Les Q Flex (216 000 m3) viennent déjà régulièrement à Montoir et Cavaou. Et prochainement, nous y accueillerons les plus grands méthaniers de 260 000 m3, les Q Max. ». Les trois terminaux méthaniers d’Elengy bénéficient en effet des liaisons terrestres de GRT gaz et des connexions frontières qui permettent le transport du gaz vers les pays européens voisins (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Norvège, Royaume-Uni, Suisse, Italie). La particularité des trois terminaux méthaniers français est leur taux d’utilisation très élevé, c’est-à-dire les slots réellement utilisés par les clients. Sur les deux sites historiques français, il tourne autour de 70 % en moyenne. À comparer au taux de 40 % à 50 % des sites similaires en Europe. Cette singularité française est souvent mise en avant par les porteurs de projets de nouveaux terminaux méthaniers pour affirmer que la construction de leurs sites ne ferait que rapprocher la situation française de celle des autres pays de l’Union européenne et fournirait une offre élargie et plus de flexibilité aux clients. Une analyse pas totalement partagée par Elengy: « Il faut effectivement construire de nouvelles capacités GNL en France. Mais avoir un taux d’utilisation bas n’est pas un objectif en soi. À un niveau global, avoir des infrastructures utilisées seulement à 40 %, c’est courir le risque de faire payer plus cher le gaz aux consommateurs. Il vaut mieux avoir des points d’entrée bien répartis et bien dimensionnés par rapport à la consommation, avec une marge suffisante pour avoir de la flexibilité et permettre au marché de bien fonctionner. »

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