La Convention collective nationale unifiée, prévue par la loi du 4 juillet 2008 et visant à organiser le travail dans les ports français métropolitains des dockers et des ouvriers issus des ports, doit être signée dans les prochaines semaines. Signe du hasard ou coïncidence du calendrier, le 21 janvier 1994, le Journal de la Marine Marchande titre « La manutention portuaire commence 1994 avec une convention collective de branche ». Dans les faits, la situation est un peu différente puisque c’est le 31 décembre à 7 heures du matin que les négociations se sont terminées. La FNPD CGT a attendu le vote des secrétaires des syndicats portuaires pour se prononcer définitivement. « Ce texte apparaît comme une étape supplémentaire dans le processus de réforme de la manutention portuaire, confortant en fait clairement ceux qui ont fait, à partir de l’été 1992, le pari de la mensualisation », note le journaliste du Journal de la Marine Marchande.
Déjà à l’époque, la FNPD CGT a saisi tout l’intérêt d’avoir une convention collective nationale pour l’ensemble des dockers, même si ce texte fait parfois l’impasse sur un certain nombre de revendications. Ce texte, qui sera définitivement adopté quelques semaines plus tard, intervient comme une révolution dans le monde des dockers. Il intègre en filigrane la disparition progressive des BCMO (Bureaux centraux de la main-d’œuvre) qui réapparaîtront plus tard avec les défaillances économiques de sociétés de manutention.
Cette convention collective nationale détermine les salaires des différentes catégories de salariés dans les entreprises de manutention, du niveau A correspondant à une sortie de l’école à l’âge minimum jusqu’au cadre. La grille des salaires se divise en deux selon que l’ouvrier docker dispose de la carte G ou non. Dans chaque catégorie, les salaires bruts mensuels sont répartis entre rémunération minimale garantie et salaire de base minimum hiérarchique. La première intègre les primes alors que la seconde les ignore. À l’époque, les primes entrent pour 50 % à 60 % des revenus des dockers, note le journaliste. Et déjà, les négociateurs ont confié que leur objectif est de mettre un terme à ces primes tout en garantissant une productivité sur les quais. Une clause de revoyure est prévue pour le mois de décembre 1994 avec déjà un rapprochement des deux catégories pour intégrer les primes dans les salaires.
Au 1er janvier 1994, un docker est payé entre 7 290 F hors primes (1 111 €) au minimum jusqu’à 11 600 F primes incluses (1 768 €). En 17 ans, les salaires ont été multipliés par trois, les trafics de certains ports ont baissé. À l’image de Marseille qui a réalisé 85,9 Mt en 2010 contre 87,3 Mt en 1993. Il ne s’agit pas d’un hasard de calendrier ni d’une coïncidence, mais d’un fait.