Le 9 mars, la commission du Développement durable et de l’Aménagement du territoire de l’Assemblée nationale a organisé une table ronde sur le « développement économique maritime », les députés cherchant à mieux comprendre l’existant ou à suivre la mise en œuvre des politiques annoncées avec plus ou moins de détermination. Dans l’ordre d’entrée en scène d’une pièce dont les dialogues ont été largement prévisibles: Francis Vallat, président du CMF; le président d’Armateurs de France était représenté par la déléguée générale, Anne-Sophie Avé; Joël Jouault représentait l’Union fédérale maritime CFDT; Michel Le Cavorzin, la fédération nationale des syndicats maritimes CGT; Laurent Castaing, le grand port maritime du Havre; et Jean-Pierre Quéneudec, l’Académie de marine dont il est l’actuel président.
Les chargeurs n’ont pas été retenus lors du casting, pas plus que l’administration ou le Conseil supérieur de la marine marchande. La ministre en charge, Nathalie Kosciusko-Morizet, sera entendue le 12 avril, après la tenue de la seconde table ronde sur la biodiversité maritime. Concernant l’administration, visiblement, personne n’a lu sa forme de mise en garde qu’a constitué le rapport sur l’état de la flotte au 1er janvier 2011 (JMM du 18/2, p. 8); sauf peut-être Joël Jouault qui a demandé publiquement que la loi de 1992 (obligeant les raffineurs installés en France à disposer sous pavillon national d’une capacité de transport proportionnelle à leurs importations de brut) soit étendue au GNL.
Les trois heures de prestations ayant été filmées, chacun peut, jusqu’au 7 juin, juger du fond et de la forme en allant sur le site de l’Assemblée nationale.
Par-delà les sempiternels questionnements sur l’efficacité réelle du RIF, sur l’absence durable de dialogue social entre les compagnies et les navigants, sur la puissance maritime française exprimée en km2 de ZEE, la sécurité maritime sans oublier la sûreté, certains propos de Laurent Castaing auraient dû retenir l’attention: il n’y a pas eu à ce jour de vrai dialogue social dans les ports français qui sont soumis à une « terrible loupe médiatique » qui entraîne une surréaction des armateurs installés à l’étranger. Les ports ont un rôle important dans l’aménagement du territoire. Or il ne peut pas y avoir d’aménagement du territoire sans politique (au moins) nationale (et sans évaluation correcte de l’existant, donc sans statistique; ndlr). « Avec la réforme que vous avez votée, les entreprises portuaires vont être mises devant leurs responsabilités, elles qui ont longtemps vécu dans l’ombre des ports. Elles n’y sont pas nécessairement bien préparées. […] Tous les jours, le directeur d’un port est pris en otage et pas nécessairement par les salariés. Aidez-nous. Un seul opérateur est toujours dangereux car le risque de monopole privé est réel. » Certains ports vont être confortés au manque de place. Il va falloir densifier les terminaux comme dans les ports asiatiques. Ce qui suppose des équipements coûteux que les manutentionnaires devront financer. Vaste sujet.