À la vitesse où vont les événements, il est urgent d’attendre. Telle est, en début de semaine encore, la ligne de conduite du chantier STX de Saint-Nazaire face aux risques que la révolution libyenne fait peser sur son activité puisqu’il construit depuis le 15 décembre un paquebot de 139 000 tonneaux et 1 739 cabines pour le compte de GNMTC, société contrôlée par Hannibal, l’un des fils de Mouammar Kadhafi.
Non que les inquiétudes n’existent pas. Jacques Hardelay, directeur de STX France, se tient « en relation avec l’Élysée et Bercy ». Ce qui lui permet d’indiquer que « le contrat n’est pas concerné par d’éventuelles sanctions économiques prises par la France ». Au ministère de l’Économie et des Finances, à Bercy, « on ne communique pas plus » sur ce contrat. « En fonction des événements, la situation pourra changer. Mais pour le moment, je ne change pas de stratégie. Il n’est pas question que l’on se mette en défaut par rapport au client », a précisé Jacques Hardelay, à l’occasion d’un comité d’entreprise, le 24 février. Sur place, à Saint-Nazaire, aucun changement de planning. Aucune alternative officielle au déroulé prévu de ce contrat de 600 M€, d’1,5 million d’heures de travail pour une livraison fin 2012. « J’ai eu deux contacts avec le client cette semaine. L’acompte a été payé. La production du navire se poursuit », ajoute Jacques Hardelay. Il se déclare avant tout soucieux de « sauver le contrat » même si une assurance rembourserait les frais engagés en cas d’annulation. Les syndicats suggèrent d’en appeler, le cas échéant, à l’armateur MSC, impliqué dans cette commande en compagnie de l’État français. Pour Force ouvrière, « le gouvernement doit trouver le montage financier pour qu’il se porte acquéreur du paquebot ». D’autres évoquent le simple rachat de la coque. L’enjeu: sauver la charge de travail des chantiers de Saint-Nazaire essentiellement en 2012.