Sur la saison 2009-2010, le total toutes lignes fait état de 2 517 200 passagers (soit 2,1 % de moins que la saison précédente) et 189 500 camions (contre 182 000). Un résultat qui ne surprend pas la compagnie. « Le nombre de Britanniques qui ont pris des vacances a baissé de 20 % », explique Frédéric Pouget, directeur du pôle armement dans le nouvel organigramme mis en place par le président, Jean-Marc Roué. Et comme ils l’ont fait avec une Livre Sterling assez faible par rapport à l’Euro, la compagnie a augmenté ses tarifs de plus de 10 %. Une initiative qui va amener une progression sensible du chiffre d’affaires (révélé en mars) mais qui, aux dires de la compagnie, ne sera pas suffisante pour équilibrer les résultats.
Totalisant près de 800 000 passagers et 20 300 camions, les lignes bretonnes (Roscoff et Saint-Malo) accusent une baisse respective de 4,1 % et 9,7 %, avec un nombre de traversées en diminution constante depuis la crise (1 389 contre 1 542 en 2008). Véritables locomotives des activités transmanche de la compagnie, les lignes normandes (Caen et Cherbourg) ont également réduit la voilure (3 598 traversées au lieu de 4 198). Mais là aussi, les chiffres sont à la baisse: 1 417 700 passagers (− 5,9 %) et 149 300 camions (− 6,6 %). « Les surcapacités des opérateurs ont entraîné une nouvelle bataille des tarifs, au détriment des volumes disponibles en Manche ouest et centrale », analyse-t-on au siège de la compagnie.
Les lignes longues (Irlande et Espagne) totalisent en revanche 30 % de mieux en passagers (302 600) et 56,6 % en fret (près de 20 000 camions). La récompense d’une meilleure offre sur l’Irlande et d’un développement renforcé sur l’Espagne avec l’arrivée en flotte du Cap-Finistère venu doubler les rotations du Pont-Aven et du Cotentin. Les traversées sur l’Espagne sont ainsi passées de 248 en 2008 à 384. Et les résultats sont au rendez-vous: 221 600 passagers sur l’Espagne (+ 33,6 %) et 19 000 camions (+ 63,2 %).
Soulignant « un choix stratégique judicieux », l’armement va poursuivre et intensifier son développement sur l’Espagne. Va-t-on alors assister à un phénomène de vases communicants? « Pas du tout, rétorque la direction. Il suffit de regarder la flotte. Nous avons rentré le Cap-Finistère pour le transgascogne, mais nous avons réarmé le Barfleur sur le transmanche qui reste au cœur de notre activité. Nous appliquons une stratégie globale sur tout le Grand Ouest en maintenant une cohérence. »
Le retour du Barfleur
Suivant la volonté de son président, Jean-Marc Roué, la BAI a également repensé son organigramme. Sur le principe d’une transversalité globale, elle a notamment créé un véritable pôle maritime (incluant les opérations maritimes et portuaires), sur le même pied que le pôle finances et commercial. « Une manière de montrer que nous voulons rester dans un monde d’armateur et conserver le pavillon français », explique Frédéric Pouget. Quant à l’éventuel rachat de SeaFrance, la porte semble restée ouverte. Au siège de l’armement, personne ne confirme l’abandon du projet.