La décision a été prise officiellement en conseil de surveillance le 3 février, puis annoncée et commentée en CE extraordinaire le 15 février. L’actionnaire unique, la SNCF, en l’absence d’une offre recevable, renonce à la recherche d’un repreneur mais se refuse à liquider sa filiale. La SNCF n’a donc d’autre choix que de recapitaliser SeaFrance. Cela requiert un passage du dossier par l’État, en l’espèce l’Agence des participations avant la présentation à la Commission européenne, pour vérification de sa compatibilité avec le droit de la concurrence. Le meilleur argument pour cela est la réalisation de la restructuration, avec 725 suppressions d’emploi en CDI, un abaissement drastique du point mort et, assure Vincent Launay, membre du directoire, une restauration des marges, en particulier sur les ventes à bord. La douloureuse risque d’être lourde, rappelons que le chiffre de 170 M€ est avancé pour cette recapitalisation. Elle s’alourdira encore d’une provision pour risque contentieux, en raison du lancement prochain, probablement début mars, d’une série d’actions contre la compagnie pour licenciement sans cause réelle ni sérieuse, pour non-respect de la procédure de licenciement et non-respect des principes d’un plan de sauvegarde de l’emploi. Sous la direction de Me Philippe Brun, avocat au barreau de Reims très spécialisé dans ce type d’action, conseil de la CFDT, le syndicat majoritaire des marins, plus de 100 dossiers sont déjà prêts, et une centaine d’autres devraient suivre. S’exprimant dans le local syndical rempli d’ex-salariés ou de reclassés mécontents, l’avocat a convaincu l’auditoire de passer à l’action. L’échec du reclassement et l’utilisation de méthodes qui, selon les témoignages, se rapprochent plutôt d’un recrutement classique, seront au cœur des débats devant les prud’hommes de Calais. Une affaire qui risque d’être longue.
7 jours en mer
SeaFrance vers la recapitalisation
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