Le commandant Joseph Moysan quitte Marseille-Fos

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Ce Breton retourne sur ses côtes d’origine. Il s’installe à Roscoff où il a acheté une maison. Il laisse à Marseille-Fos « son formidable potentiel et ses installations magnifiques ».

Le parcours de Joseph Moysan n’est pas commun. Cet « homme de caractère », comme le définira Michel Peuchère au moment de lui remettre les insignes de chevalier de la Légion d’Honneur, s’est forgé une discipline dans la marine nationale. À 15 ans et demi, il entre à l’école des mousses de Brest. Après avoir navigué à travers mers et océans, un accident de santé le contraint à ne pas trop s’éloigner de la terre. Du dragage des mines au remorquage, il continue à prendre régulièrement du galon. En 1981, il passe le concours des officiers adjoints de port et fait ses classes à Bordeaux jusqu’en 1988. À cette date, il passe le concours de capitaine de port, termine 2e et rejoint Marseille.

Une puissance de travail exceptionnelle

Pendant dix ans, il occupera à peu près tous les postes entre les bassins Ouest et Est avant de succéder au commandant Castagnera, en 1998, à la tête de la capitainerie. « J’ai dû travailler encore plus que les autres pour les convaincre et pour me rassurer. » C’est à cette tension permanente que le mousse du début attribue son parcours. Il n’est pas le seul. Jean-Claude Terrier, le DG du port de Marseille-Fos apprécie « sa puissance de travail exceptionnelle, sa manière de traiter un dossier jusqu’à l’os », mais aussi « son humilité et son côté besogneux pour atteindre l’excellence et la performance ».

« J’ai avant tout eu la chance d’avoir des directeurs qui m’ont fait confiance », juge celui qui a arboré pour la première fois son étoile de commandant le jour de la cérémonie de son départ à la retraite. Cela n’a pas toujours été facile. Il aura connu six directeurs de l’établissement. « Le dossier de la sûreté a été le plus lourd pour moi », reconnaît-il. C’est sous son commandement que la capitainerie prend à sa charge la sûreté et devient la Direction capitainerie sécurité sûreté (DCSS). Les effectifs bondissent de 70 à 200 personnes(1). Il avoue n’avoir pas connu une année sans conflit social sur le port: pêcheurs, routiers, agents, ouvriers de la réparation navale, marins, mais Joseph Moysan n’en fait pas une affaire. Pourtant, il n’aura jamais hésité « à aller au contact ». « C’était parfois dur ». Avec le comité local des pêches de Martigues, il est satisfait d’avoir « institué le dialogue. Je leur ai appris que le port n’était pas leur ennemi ».

« Parce qu’elle veille au respect des règles, la DCSS est souvent perçue comme une empêcheuse de tourner en rond. » Sa réputation d’intégrité a fait le reste. Il cite toujours la lettre d’un agent maritime qui, a la suite d’un PV dressé après de multiples récidives, l’interpelle: « Commandant, quelles mesures allez vous prendre pour éviter qu’une pareille bévue se reproduise? » Il s’étrangle encore en la racontant. Comme ce représentant d’un grand armement mondial qui l’accuse ne pas connaître la réglementation européenne sur les déchets maritimes. Les pressions exercées par certains professionnels de la place n’ont jamais manqué. « Depuis 2005, on annonce mon départ… », sourit-il.

Jean-Claude Terrier évoque le granit du pays breton en parlant de lui. « Il en a la dureté, la rugosité et la souplesse », plaisante-t-il. Joseph Moysan ne lâche pas prise. « Je me suis battu pour que Fos 2XL dispose d’un niveau de tirant d’eau maximum. » Son titre de fierté est d’avoir mis en place un véritable service de bathymétrie. « C’est peut-être ce que j’ai fait de mieux. » L’homme n’a jamais perdu sa capacité d’indignation. Il dénonce régulièrement l’incivisme sur le domaine portuaire, notamment le non-respect du code de la route. Son dernier coup de sang date d’il y a quelques semaines lorsqu’un responsable du Medef agite le péril que font courir les navires bloqués par un conflit en rade. « Nous n’avions jamais pris autant de précautions. »

À l’heure du départ, il conserve le même étonnement. « Comment, avec les installations qu’il possède, ce port ne se développe-t-il pas? Il a pourtant tout pour réussir. » À condition qu’il sorte des impasses sociales et des intérêts privés. Pour gagner, il faut un collectif là où s’impose la règle du chacun pour soi. L’intérêt général est trop souvent oublié et les donneurs de leçons trop nombreux. Il sera intéressant de mesurer leur capacité après la réforme. »

Cet épisode, le commandant Joseph Moysan auquel succède son second, Amaury de Maupeou, l’observera de sa Bretagne natale.

Les effectifs de la DCSS: 61 officiers de port et officiers de port adjoint, 26 contrôleurs de la circulation maritime, 6 surveillants de port, 5 à la barymétrie, du personnel administratif et 80 personnes à la sûreté.

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