Le 28 janvier, selon l’agence de presse Reuters, un représentant de Mærsk Line a annoncé à Abidjan que la compagnie danoise renonçe à charger les fèves de cacao ivoiriennes et à transporter les produits destinés à la Côte d’Ivoire afin de respecter les restrictions décidées par l’Union européenne. Mærsk est le principal transporteur de fèves destinées aux marchés nord-américain et asiatique, a-t-il ajouté.
Toujours selon Reuters, cette décision est la conséquence des restrictions imposées par l’Union européenne compte tenu du conflit existant entre le nouveau président de la Côte d’Ivoire et l’ancien. La situation est un peu plus complexe, car le règlement 25/2011 infligeant « certaines mesures restrictives spécifiques à l’encontre de certaines personnes et entités au regard de la situation en Côte d’Ivoire » n’interdit pas explicitement les échanges maritimes entre la Côte d’Ivoire et le reste du monde. Mais « tous les fonds et ressources économiques appartenant à, en possession de, détenus ou contrôlés par les personnes physiques ou morales, entités ou organismes énumérées à l’annexe I ou IA sont gelés ». Sont explicitement désignés, entre autres, le d.g. du Port autonome d’Abidjan et le port lui-même ainsi que le Port autonome de San Pedro, le d.g. des Douanes, le président du Comité de gestion de la filière cacao et café ainsi que le Comité lui-même.
Mi-janvier, le gouvernement officiellement reconnu par la communauté internationale a informé les opérateurs économiques de « l’arrêt immédiat de toute exportation de café et de cacao à compter du 24 janvier jusqu’au 23 février 2011 ». Il rappelle que tout contrevenant sera considéré comme finançant les activités du gouvernement illégitime. Cette annonce a amené la porte-parole de la haute représentante de l’UE à rappeler que l’embargo commercial n’est qu’une « option ».
En attendant l’examen de cette option, de source maritime française, toutes les compagnies maritimes européennes (MSC comprise) sont « très ennuyées ». Celles dont les navires ont des conteneurs destinés à la Côte d’Ivoire ne savent pas très bien dans quel port elles vont les décharger, d’autant que les capacités de réception sont rapidement saturées. Par ailleurs, elles ne sont pas décidées à laisser leurs bonnes camarades asiatiques charger tout le coton, le cacao ou le café ivoirien.
Les juristes s’interrogent sur la portée exacte de la phrase « le présent règlement s’applique à bord de tout aéronef ou de tout navire relevant de la juridiction d’un État membre ». Un navire relevant d’un registre de libre immatriculation et affrété par Mærsk, MSC ou CMA CGM est-il bien concerné?