Il n’y a pas lieu d’appliquer une surprime risque de guerre (comprendre risque exceptionnel) pour faire transiter un navire par le canal de Suez au 2 février, à 14 h, a précisé au JMM Jean-Pierre Lasserre, d.g. du Garex, Groupement d’assurance de risques exceptionnels. « Selon nos informations, le canal de Suez est placé depuis quelques jours sous le contrôle de l’armée égyptienne », a-t-il ajouté. Ce que confirme CMA CGM dans un communiqué du 1er février: « Nos navires transitent normalement. Neuf doivent passer dans les trois prochains jours » Un membre de l’Autorité du canal a expliqué que le nombre de navires qui ont transité est passé de 45 le 31 janvier à 65 le 1er février.
Selon les informations recueillies par Reuters, le 1er février, l’activité dans les ports d’Alexandrie et de Damiette était fortement perturbée par le manque de personnel et l’absence de douaniers. « Le port d’Alexandrie est toujours ouvert mais personne ne travaille pour le moment », a indiqué une source égyptienne. CMA CGM poursuit ses escales à Alexandrie et Damiette et a repris dans la matinée du 1er celles sur le terminal Ouest de Port Saïd. Elle emploie en Égypte 272 salariés dont deux expatriés, répartis sur cinq agences.
Le 2 février, la chaîne Al Arabia faisait état d’échauffourées entre des manifestants pro et anti-Moubarak dans le centre du Caire.
Selon l’AFP, le 31 janvier, Mærsk a annoncé la fermeture de ses bureaux et de son terminal de Port-Saïd. Fermeture poursuivie le 1er février. Que cela soit pour le transport conteneurisé, la commission de transport ou le forage pétrolier, le groupe danois emploie environ 7 000 personnes en Égypte.
Le 1er février, la compagnie coréenne Hanjin Shipping a expliqué qu’elle a modifié la route de certains de ses porte-conteneurs du fait de l’instabilité en Égypte. Une décision délicate car le passage par le Cap de Bonne Espérance représente un allongement de la route de 6 000 miles, soit 14 jours à 18 nœuds.
Du côté des céréales, les trafics ont bien fonctionné dans la première moitié de la campagne, assurent les responsables portuaires et les différents intervenants de la chaîne logistique. À Rouen, La Rochelle et Nantes, les opérateurs n’attendent pas de navires dans les prochains jours pour exporter des céréales. Bien au contraire, les navires en provenance du pays sont toujours attendus avec leurs chargements. « Dans tous les cas, le risque n’est pas tellement au départ mais plutôt à l’arrivée. La question demeure: est-ce que les navires que nous envoyons en Égypte seront déchargés? », s’interroge un responsable d’un manutentionnaire français. Si l’Égypte occupe une large place dans l’actualité, les opérateurs céréaliers travaillent aussi sur des pays comme le Yemen ou l’Algérie, qui connaissent des mouvements sociaux de grande ampleur. « Tous ces pays doivent continuer à s’alimenter et les céréales représentent beaucoup. Nous ne pensons pas que les navires pourraient être bloqués », expliquent des opérateurs.