Après un exercice 2010 en net progrès (+ 10 %, environ 3,3 Mt), le port de Sète tousse en ce début d’année. « À ce jour, le port est bloqué (sauf pour les passagers, ndlr), constate Jean-Loup Bertret, directeur du port de Sète Sud de France. Ce n’est pas le premier mouvement de grève. L’impact sur le trafic sera mesurable à la fin du mois. » La chute devrait être, d’après lui, « assez lisible dans les statistiques ». Daniel Noguet, secrétaire général CGT du port de Sète représentant les grutiers (environ 25) et les dockers (environ 100), déclare au JMM: « CGT, CFDT, FO, nous sommes tous solidaires. Nous avions trouvé un accord, le gouvernement a tout remis en cause avec la réforme des retraites. Nous sommes tous très motivés, nous irons au clash s’il le faut. Pour désactiver la dynamique, nous voulons une avancée avec le gouvernement, pas avec les petites frappes. »
« On vient de subir huit jours de grève en deux semaines, c’est catastrophique, tempête de son côté Pierre de Boutray, directeur de Sea Invest Sète (42 salariés et 13 dockers). La semaine dernière (celle du 17 janvier, ndlr), les dockers ont fait grève vendredi et dimanche, les grutiers samedi et lundi. Ça nous bloque quatre jours alors qu’eux ne sont pénalisés que deux jours. Des blocages de cette ampleur sont économiquement intolérables. Si ça continue, l’avenir des ports français sera hypothéqué, avec des incidences à terme sur l’emploi dans nos entreprises. »
L’ex-président de l’Union maritime portuaire sétoise – Sylvie Cano lui a succédé mi-janvier – stigmatise les modes d’actions: « Les dockers font du zèle. Ils bloquent les accès du port. Non seulement les opérations de manutention sont suspendues, mais en plus les accès aux entreprises sont bloqués, on ne peut plus retirer ni livrer de marchandises. Le 21 janvier, le port était bloqué plus de 50 % du temps. Pour nous, c’est extrêmement difficile à gérer. Les informations nous arrivent au compte-gouttes et au dernier moment, ce qui rend les choses très difficiles vis-à-vis des armements ou des chargeurs. C’est l’État qui fait machine arrière et c’est nous qui sommes pénalisés. »