« Un cran au dessus dans la paralysie », se désole Pascal Vialard, président du Syndicat des entreprises de manutention portuaire (SEMP). Depuis une semaine, le port de Nantes/Saint-Nazaire n’a plus fonctionné qu’au ralenti sur les vracs et a connu ses premières annulations d’escales dans le conteneur.
Aucun doute sur l’intensité du blocage. « La base suit à 100 %. Le revirement du gouvernement apparaît trop scandaleux », explique Yves Tual, secrétaire général de la CGT du port, largement majoritaire chez les grutiers et dockers. La Coordination nationale des travailleurs portuaires et assimilés (CNPTA), à Saint-Nazaire seulement, accentue encore le mouvement puisqu’elle se met en grève dès jeudi alors que la CGT bloque vendredi pour quatre jours.
« Les cadences sont déjà mauvaises en semaine! », souligne Pascal Vialard. Mais là n’est plus seulement la question. Il fait état de clients qui ne trouvent plus de navires pour acheminer leurs marchandises vers la France.
Pour la première fois, Nantes/ Saint-Nazaire n’a pas réceptionné sa livraison hebdomadaire de bananes des Antilles. La CMA CGM annule l’escale à l’import, jusqu’à nouvel ordre, et dirige son navire directement vers Dunkerque. « Le seul port encore relativement épargné par le mouvement », souligne Michel Perrot, directeur de l’agence CMA CGM de Montoir. Autre perturbation, il reçoit un feeder le vendredi. Lui aussi attendra jusqu’à mardi. Michel Perrot a pu parfois le détourner vers Brest, également paralysé. Comme le sont aussi les ports des Sables d’Olonne et de Sète.
Richard Seignard, de la Cogemar (groupe Bolloré), qui assure la manutention pour MSC, a vu de son côté le MSC-Alexa patientant en rade la semaine dernière, repartir vers l’océan Indien. Il ne pouvait plus attendre, au risque de briser le rythme de ses escales – nombreuses – jusqu’à l’Australie.
Sur cette ligne vers l’océan Indien, Montoir était déjà sur la sellette. Pas sûr que l’escale dure longtemps. Dans le vrac, Antoine Ponsar, chez MTTM, doit vider dès que possible un navire de ciment qui attend depuis plusieurs jours en rade. C’est devenu incertain.