La bonne nouvelle est arrivée comme un cadeau de Noël. Le 24 décembre, Nicolas Sarkozy a fait savoir que Dimitri Medvedev, son homologue russe, l’a informé qu’il choisissait la France pour fournir à la marine russe deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) comparables au Mistral, au Tonnerre ainsi qu’au Dixmude actuellement en construction pour la marine française aux Chantiers de Saint-Nazaire. Chaque navire, d’une longueur de près de 200 m, filant à 19 nœuds doit pouvoir embarquer 450 hommes de troupes et 16 hélicoptères. Il dispose d’un hôpital embarqué et navigue avec 160 hommes d’équipage. Pour la marine russe, les coques devront pouvoir briser la glace. Le pont devra recevoir des hélicoptères plus lourds que les français.
Le contrat est estimé à 1 Md€. Il prévoit par la suite, au titre du transfert de technologie, la construction de deux autres navires équivalents en Russie, dans les chantiers OSK de Saint-Pétersbourg.
Dans la région de Saint-Nazaire, la nouvelle commande représente cinq millions d’heures de travail: quatre millions pour les chantiers STX (coque, pont et motorisation) et un million pour DCNS (équipements de communication et armements). « Du travail pour 1 000 personnes pendant quatre ans », souligne le communiqué de l’Élysée. Après la confirmation, le mois dernier, de la commande par l’armateur libyen GNMTC (General National Maritime Transport Company) d’un paquebot identique à celui de 33 m de MSC, les chantiers STX (2 150 salariés) tournent déjà à plein, jusqu’à l’intervention des sous-traitants, chargés de l’armement des navires, dans quelques mois. Seules les 1 100 personnes des bureaux d’études (filiales design et conception techniques) subissent encore un « programme de chômage partiel ».
Les organisations syndicales s’inquiètent par ailleurs des modalités du « transfert de technologie » annoncé, les Russes allant vite devenir des concurrents sérieux. Elles demandent un « cadrage plus précis ». À la sortie d’un récent conseil d’administration de DCNS, où elles siègent, elles ont tenu à lancer un « avertissement » en ce sens.