À ce jour, Jean Bellis a réalisé 225 planches de dessin ou aquarelles marines qui constituent la collection « Les ports de France des années 1860-1920 ». Il en présente dans un livre une soixantaine pour soixante ports français de Dunkerque à Bastia. Cet « artiste, rêveur et poète », selon André Linard, ancien rédacteur en chef du Chasse marée et auteur de la préface du livre, « imagine les ports tels qu’ils devaient être aux XVIIIe, XIXe ou début du XXe siècle ». Il représente les quais, les maisons dessinées avec un grand souci du détail et un navire ou plusieurs venant d’arriver ou en partance avec les voiles en train d’être amenées ou au contraire hissées. Le tout dans une atmosphère de calme, souligné généralement par une dominante de ton sépia. Pour Jean Bellis, ces dessins ont « un double but: faire connaître l’infinie richesse architecturale de nos ports ainsi que la grande variété des bateaux qui les fréquentaient » à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Surtout, l’auteur précise avoir voulu rompre dans ses planches de dessin « avec la traditionnelle représentation des bateaux naviguant en pleine mer ». L’objectif est de « replacer les scènes maritimes dans un contexte terrestre ». Car « n’oublions pas que construits, chargés et déchargés, réparés puis démolis, les bateaux à voile ou à moteur de cette époque passaient la plus grande partie de leur existence à terre, sur rade, au port ou en vue des côtes », souligne Jean Bellis dans son introduction. Chaque port est présenté sur une double page, du Nord-Pas-de-Calais à la Normandie et la Bretagne, la côte Atlantique jusqu’à Biarritz puis les sites de la Méditerranée en Languedoc-Roussillon, dans les Alpes maritimes et, enfin, les deux ports corses d’Ajaccio et Bastia. Le dessin est placé en page de droite. Sur la page de gauche, un texte évoque l’histoire du port, parfois de la préhistoire à nos jours. Jean Bellis rappelle par exemple que « très tôt, les hommes ont fréquenté l’emplacement stratégique de Calais, comme le prouvent les outils de silex trouvés sur place ». Ou encore Quiberon, « une presqu’île occupée dès le néolithique comme en témoignent les mégalithes, menhirs et dolmens ». Pour des faits plus récents, l’auteur indique que La Ciotat, « un site très favorable à l’installation d’un chantier, voit dès 1 622 construire tartanes et pointus ». La Ciotat décline au XVIIIe siècle, suite à la Révolution française et au blocus anglais sous le premier Empire. Puis se relève au moment de la révolution industrielle. Jean Bellis indique que « des chantiers citadins sort le premier vapeur à roue (…) au XIXe siècle. Et jusqu’en 1987, date de fermeture des chantiers, de nombreux navires seront lancés, dont les supertankers de 240 000 tonnes, Blois et Normandie ». L’auteur relève que « la crise est dure, le conflit social particulièrement violent mais les infrastructures sont là. Depuis 2000, une nouvelle activité de construction et d’entretien des yachts de très grand luxe s’est mise en place avec succès à La Ciotat ». Le livre de Jean Bellis apparaît très documenté, très précis, aussi bien pour les textes que pour les dessins et les détails des navires d’époque. Et pourtant, les planches de dessins sont le résultat de l’imagination de l’artiste. Comme le souligne André Linard, « l’œuvre d’imagination et le réalisme documentaire se complètent parfaitement et font bon ménage ».
Ports de France 1860-1920, Jean Bellis, Marines Éditions, novembre 2010
ISBN: 978-2--060-0