« Céréales, ciment, conteneurs, tous les trafics ont été touchés la semaine dernière mais cela paraît dérisoire maintenant que le port est bloqué. » Pascal Vialard, président du Syndicat des entreprises de manutention portuaire (SEMP) n’évoque pas, comme d’autres, « le conflit des dockers de 1992 », mais il n’en pense guère moins. Il se dit fatigué devant la tournure des événements. « La réforme des ports est loin d’être bouclée. Ça fait trois ans que ça dure. Malheureusement, nous n’avons pas les clés pour faire repartir la machine. » Spécialiste en vrac, en tant que patron de Sea Invest à Saint-Nazaire, il a trois bateaux à quai. D’autres arrivent dans les prochains jours. « La plus grande incertitude règne sur leurs déchargements. Les clients sont avertis. Ils décideront de ce qu’ils feront mais un bâtiment de vrac ne se déroute pas comme cela. » Il s’attend, comme en octobre et novembre, à des navires qui mettent 28 jours à être vidés.
À l’Union maritime Nantes Port, on « regrette la situation après le million de tonnes perdues l’an dernier » pour un trafic final de 31,1 Mt en 2010. Le Grand Port maritime, de son côté, se refuse pour le moment à tout commentaire, Jean-Pierre Chalus, le président de son directoire, étant opportunément retenu à Paris.
Quant à la CGT du port, elle tenait son assemblée générale bi-annuelle mercredi matin à Donges. « On ne pourra peut-être pas rester en grève illimitée, mais s’il y a reprise, ce sera en se conformant aux règles strictes de sécurité. L’activité continuera de s’en ressentir », explique Yves Tual, secrétaire général. Patrick Bazin, secrétaire général de la Coordination nationale des travailleurs portuaires et assimilés (CNPTA) de Saint-Nazaire, représentant 50 % des dockers à Saint-Nazaire, n’est pas sûr, après deux jours de grève, mercredi et jeudi, de continuer le week-end. Mais cela ne lui paraît pas impossible « vu la panique qui règne dans le port après le retour en arrière complet du gouvernement, y compris du côté de l’UNIM ».