Wuhan et Qingdao. Les huitième et neuvième plates-formes intermodales des 18 prévues par les promoteurs du réseau China Railway Intermodal (CRI), tant sur les côtes qu’à l’intérieur du pays, ont été inaugurées fin août, rejoignant Kunming, Shanghai, Chongqing, Chengdu, Zhengzhou, Xi’an et Dalian. Et il est prévu que les neuf dernières (Shenzhen, Guangzhou, Ningbo, Lanzhou, Pékin, Tianjin, Shenyang, Harbin et Urumqi) seront achevées d’ici la fin 2012. Le réseau ferroviaire qui les reliera comptera 16 000 km à l’horizon 2020, sur lesquels des trains-blocs, de plus en plus à double pont, circuleront.
Initiateur du réseau CRI, le ministère chinois des chemins de fer (MOR) a ainsi su convaincre sept opérateurs, chinois et étrangers, de s’y associer: China Railway Container Transport (CRCT), une filiale à 100 % de l’exploitant national chinois, mais aussi CIMC, leader mondial de la fabrication de conteneurs, les hongkongais NWS Holdings et Promisky (une société d’investissement), la Deutsche Bahn, ZIM et la CMA CGM (qui s’en est depuis retirée) ont ainsi rassemblé un capital de 12 MdRMB (environ 1,4 Md€) pour se lancer dans l’aventure.
« CRI s’inscrit dans une vaste stratégie des autorités chinoises visant à rattraper le retard des infrastructures ferroviaires un temps délaissées au profit des ports et des routes. L’énorme capacité en lignes à grande vitesse dédiées au trafic passagers, en cours de construction ou déjà achevées, va libérer un espace considérable pour le fret. Une nécessité: les opérateurs ferroviaires chinois estiment ne pouvoir satisfaire aujourd’hui que 35 % de la demande en la matière », explique Frédéric Campagnac, ancien administrateur de la CMA CGM au sein de CRI, et aujourd’hui à la tête de Clevy China, une entreprise de conseil et d’organisation de transports de fret, notamment ferroviaire, en Chine et à partir de la Chine.
Le réseau démarre lentement mais sûrement, à l’instar d’un trafic ferroviaire de conteneurs, modeste à l’origine (environ 2 % du transport intérieur de marchandises à destination ou au départ des ports chinois en 2007), mais en progression régulière: 3,5 MEVP en 2009 et probablement près de 4 MEVP en 2010. La plate-forme de Kunming, capitale de la province du Yunnan, dans le sud-ouest du pays, est la première à avoir été mise en service, en 2008. Taillée pour gérer, à terme, avec ses 82 ha de superficie, 1,6 MEVP, elle a connu un trafic de 150 000 EVP en 2008 et 180 000 EVP en 2009, essentiellement en provenance et à destination des ports de Canton et Shenzhen, mais également de celui de Fangcheng, dans la province voisine du Guangxi, en connexion avec l’Asie du Sud-Est. Shanghai, la seconde plate-forme à avoir débuté ses opérations, est encore plus gigantesque, avec 106 ha et un potentiel de 3,4 MEVP. De quoi satisfaire largement les vœux du MOR, qui évoque un trafic global de conteneurs par rail de 10 MEVP dans les prochaines années.
Même si les trains-blocs qui circulent actuellement sur le réseau CRI sont encore exclusivement opérés par le MOR, « CRI constitue, avec des partenaires étrangers tous à la pointe de leur métier, une tentative pour moderniser la gouvernance et la politique commerciale de ce dernier », estime Frédéric Campagnac. Quoi qu’il en soit, CRI annonce son ambition de devenir dès 2011 le leader chinois du transport ferroviaire de conteneurs et des services logistiques connexes.
La CMA CGM toujours active dans l’intermodalité en Chine
Bien que s’étant retiré du projet CRI, le transporteur français ne continue pas moins de « développer son offre de services Intermodaux en Chine, une stratégie indispensable compte tenu du fait que la production industrielle chinoise s’installe de plus en plus à l’intérieur des terres. CMA CGM propose ainsi à ses clients un service porte à porte comprenant tous les types de transport (rail, fluvial et route). Des barges dédiées CMA CGM permettent notamment de remonter le fleuve Yang Tsé sur plus de 1 000 km », indique un porte-parole de l’entreprise.