Tous les cinq ans depuis 1990, le Bimco réalise une étude sur l’emploi des officiers et personnels d’exécution dans la marine marchande. Cette année, l’organisation danoise a réuni plusieurs partenaires pour la réalisation de cette étude: l’International Shipping Federation, l’Institue for Employment Research et l’Université de Dalian. L’édition 2010 de l’étude montre un relatif équilibre entre l’offre et la demande de main-d’œuvre dans le maritime. « Malgré la récession économique et la réduction dramatique pour les services maritimes, les derniers chiffres montrent un équilibre sur le personnel d’exécution et un manque pour les officiers, notamment à destination de navires particuliers comme les pétroliers ou les navires de service à l’offshore », note l’étude du Bimco.
Pour les personnels d’exécution, avec une offre de 747 000 personnes pour une demande équivalente, l’équilibre est respecté. La situation est plus difficile du côté des officiers. En effet, avec 624 000 officiers en activité actuellement, l’offre s’avère être trop réduite par rapport à une demande estimée à 637 000.
Les auteurs de cette étude mettent en exergue le niveau encourageant des nouveaux entrants depuis 2005 qui est resté étal voire en augmentation dans certains pays. Les personnels d’exécution proviennent à 36,7 % d’Asie, dont une large partie des Philippines. Viennent ensuite les pays de l’OCDE (19 %) puis l’Afrique et l’Amérique latine (15 %) pour finir par l’Europe de l’Est et le sous-continent indien (14,5 % chacun). Du côté des officiers, la moitié est originaire des pays de l’OCDE et de l’Asie. Quelque 20 % viennent d’Europe de l’Est quand 13 % sont originaires du sous-continent indien et 8 % d’Afrique et d’Amérique latine.
Ces chiffres prennent en compte les personnels disposant de leur certificat STCW. Les premières conclusions de cette étude montrent que les marins (officiers et personnels d’exécution) en provenance d’Inde, de Chine, des Philippines et d’Europe de l’Est sont en augmentation.
En rapprochant les chiffres du nombre de marins par rapport au nombre de postes à pourvoir sur l’ensemble des flottes de navires, l’équilibre est presque atteint, « à 2 % près pour les officiers, note l’étude. Ce résultat n’est pas surprenant du fait de la contraction de la demande en 2009, ajoutée à l’augmentation du nombre de marins. » En 2005, le rapport entre l’offre et la demande a été nettement en faveur du personnel.
En plongeant plus en profondeur dans les questionnaires remis par les armateurs, il apparaît que certaines classifications de personnels sont plus difficiles à trouver que d’autres. De plus, il existe toujours des problèmes pour certaines catégories de navires comme les pétroliers ou les navires de servitudes à l’offshore. Enfin, l’étude note des difficultés à trouver des officiers supérieurs comme des chefs mécaniciens, notamment en Asie et en Inde. Ces soucis de recrutement de personnels ne se déclinent pas pour les personnels d’exécution. Cet équilibre fragile pourrait se rompre dans les prochaines années. Les auteurs de l’étude ont considéré que la flotte progresserait au cours de la prochaine décennie à une tendance moyenne de 2,3 % par an. Du côté de l’offre, le recrutement devrait rester sensiblement le même, mais avec des pertes nettes de personnel en raison de la pyramide des âges des marins actuellement en activité. En 2015, selon le rapport préliminaire de l’étude, l’écart entre l’offre et la demande devrait atteindre 5 % pour revenir à 2 % en 2020 avec l’arrivée d’une nouvelle vague de jeunes recrues. Si les paramètres de départ des auteurs de l’étude se réalisent, le manque d’officiers aux environs de 2 % persisterait en 2020, sauf à ce que des mesures soient prises pour réduire les départs. L’autre élément à prendre en compte tient aux conditions économiques. Si les prévisions sont dépassées, alors l’équilibre entre l’offre et la demande pourrait se rompre avec un déficit de 9 % d’officiers en 2020.
La réduction du nombre de navires en activité en 2010, notamment pour les porte-conteneurs et certains vraquiers avec la crise économique a joué un rôle de régulateur économique. L’arrivée d’une nouvelle cale importante, notamment pour les capesize et les panamax dans les prochains mois, pourraient temporairement déséquilibrer les données.