Depuis le début du mois de décembre, Carmel-Agrexco importe en Europe du Sud des fruits, légumes et fleurs pour le compte de coopératives basée dans la Bande de Gaza. « Depuis 30 ans, nous importions des produits en provenance de la Bande de Gaza, explique Ouzi Kouris, p-d.g d’Agrexco-Carmel France. Les problèmes politiques locaux ont suspendu pendant quelque temps les importations des produits frais depuis Gaza. Aujourd’hui, nous avons trouvé un système logistique pour reprendre ces trafics. » Les produits en provenance de Gaza sont principalement des fraises, des légumes et des fleurs, principalement des œillets. Ils sont mis en palette à Gaza dans les coopératives, qui regroupent quelque 200 producteurs, puis acheminés à un point de passage avec Israël, Kerem Shalom, pour être ensuite transportés par camion jusqu’au port d’Ashdod. Les premières importations ont été faites par avion depuis l’aéroport de Tel Aviv jusqu’à Orly. Les produits sont ensuite acheminés vers Rungis. « Dès les prochains jours, nous prévoyons d’importer les produits par navire. Les prévisions des producteurs de Gaza sont à la hausse. » Les expéditions sont réalisées par avion quand elles ne sont pas suffisamment nombreuses pour remplir un conteneur. La montée en puissance de la production locale doit amener les premiers conteneurs de la Bande de Gaza sur le territoire français avant les fêtes.
Les deux navires de Carmel n’ont jamais cessé leurs rotations d’Israël vers l’Europe du Sud. Chaque semaine, ils touchent le port italien de Vado Ligure en Italie et celui de Sète pour des importations de produits en provenance d’Israël.
Sur le port du Languedoc, Carmel-Agrexco investit dans le terminal fruitier. « Nous voulons faire de Sète une plate-forme de réception pour les produits frais. Le port est idéalement situé pour la desserte de la France, de l’Espagne voire jusqu’en Suisse », continue Ouzi Kouris. En retour, Carmel-Agrexco France prend des conteneurs et des voitures Peugeot Citroën destinés à la Bande de Gaza. « Dans chaque conteneur, les Gazaouis importent des produits pour leur marché. Cette collaboration entre Palestiniens et Israéliens fonctionne parfaitement et nous espérons qu’elle se développera à l’avenir. »
Quant à créer une ligne directe avec le port de Gaza, il semble que l’idée ne soit pas encore mûre, le port de Gaza ne peut pas accueillir les navires de Carmel en raison des contraintes nautiques.
Ce projet d’allier produits israéliens et palestiniens sur un même navire est symptomatique d’un nouvel élan de paix dans la région, indique le patron d’Agrexco-Carmel France. Lorsque la société a décidé d’investir sur le terminal du port de Sète, de nombreuses associations se sont élevées contre ce projet en fustigeant la politique israélienne à l’encontre des territoires palestiniens. « Voilà plusieurs années que nous travaillons avec les producteurs de Gaza. Nous avons su tisser des relations de confiance bien au-delà de nos clivages politiques. Nous avons confiance l’un en l’autre », souligne Ouzi Kouris. Si le projet se développe, Carmel-Agrexco pourra prendre la colombe comme symbole de son entreprise.