Si les engrais, le bois et les aliments du bétail constituent le solide trépied sur lequel reposent les activités du port intérieur de Saint-Malo, les trafics passagers et fret assurés vers l’Angleterre et les îles anglo-normandes, complétés par l’activité croisière, sont le fer de lance des trafics de son avant-port.
« Nous avons la chance d’avoir les îles anglo-normandes en face, admet Patrick Charpy, directeur général de la CCI. Ce flux naturel entre ces îles et le continent génère à lui seul la moitié des trafics passagers. » Aucune raison, donc, de s’inquiéter de la pérennité de cette activité. Peut-être davantage sujets à plus d’aléas socio-économiques (crise économique britannique) et monétaires (baisse de livre sterling), les trafics sur l’Angleterre ne posent pourtant pas plus d’inquiétude. « Nous avons également la chance de bénéficier d’une ligne assez longue qui, effectuée la nuit, s’apparente en fait à une petite croisière. C’est une des lignes les plus rentables de Brittany Ferries et son potentiel intrinsèque est important. » De ce point de vue, l’avenir semble donc également assuré. Comme le démontrent d’ailleurs les chiffres de fréquentation, la ligne malouine a beaucoup moins souffert que d’autres de la baisse générale du transmanche.
Concernant le créneau de la croisière, Saint-Malo a enregistré l’escale de 25 paquebots en 2010. Et elle en attend déjà une trentaine en 2011. Cerise sur le gâteau, la cité corsaire va devenir tête de pont d’un armement qui a décidé d’en faire son port de départ et d’arrivée. Réalisés dans le port intérieur, les trafics cargos portent essentiellement sur les engrais, les aliments du bétail, les produits chimiques et le bois. « La Timac est le principal usager du port intérieur », souligne-t-on à la CCI en avançant le chiffre de 700 000 t de trafics par an. La plus importante usine de la Timac est d’ailleurs celle du Quai intérieur de Saint-Malo qui fabrique des fertilisants, des amendements et des agents d’ensilage. « Un des fleurons industriels du groupe Roullier », aux dires mêmes du groupe qui ajoute que, sur le même site, est implantée l’unité de pierres à lécher minérales et organo-minérales. En zone industrielle de Saint-Malo, c’est encore une usine du groupe Roullier qui fabrique des fertilisants, des engrais complexes et des amendements, ainsi qu’une unité de fabrication de phosphates alimentaires appartenant à la société Timab.
Premier port breton pour le bois
Les produits exportés par la Timac étant par ailleurs à faible valeur ajoutée, le fait de bénéficier d’infrastructures bord à quai est jugé comme un atout concurrentiel important qui évite de coûteuses ruptures de charge. Bref, de quoi assurer des trafics réguliers. « Par son positionnement industriel sur le port, ces trafics constituent un élément de fixation », commente la CCI.
Idem pour le bois qui, avec près de 200 000 m3 par an, fait de Saint-Malo le premier port breton dans ce domaine. Du bois en provenance pour moitié des pays scandinaves et de Russie pour l’autre moitié. Et comme 50 % de ces importations sont transformées dans l’hinterland malouin, la CCI n’a donc pas trop de souci à se faire pour la pérennité de cette activité. « Saint-Malo fait le nécessaire pour conserver ses trafics existants », confirme Patrick Charpy. Allusion sans doute à la forte mobilisation des Malouins qui, en 2006, ont tout fait pour conserver dans la cité corsaire le Point d’entrée communautaire (PEC) que l’administration française avait supprimé. Une catastrophe pour ces importations de bois. Mais la mobilisation s’est révélée très payante et couronnée de succès.
La solidité de ces trafics de base n’empêche évidemment pas les responsables portuaires de creuser d’autres pistes. Mais ils préfèrent pour l’heure ne pas en dire plus. « Tant que ça n’est pas signé, les discussions en cours restent dans la confidence des opérateurs », commente Patrick Charpy en reconnaissant que, si la CCI a des contacts en permanence, il n’est quand même pas question de doubler le trafic commercial. « Contrairement à Brest ou à Lorient, avec qui nous ne sommes pas en concurrence frontale, nous n’avons pas, à Saint-Malo, des linéaires aussi importants ni aussi extensibles. Nous ne pouvons qu’utiliser au mieux nos mètres carrés disponibles en les optimisant. »