Employant dix personnes, l’Agence maritime de Bretagne (AMB) est originellement née des besoins du groupe Pinault en matière d’organisation de transport maritime. Elle fait actuellement partie des cinq manutentionnaires qui se partagent les marchés sur les quais de Saint-Malo. « À hauteur d’un tiers chacun, nos trafics concernent le bois, l’aliment du bétail et les engrais », précise Jean-Luc Winter, directeur de l’AMB et président de l’Union maritime malouine. Des trafics qui ont atteint 255 000 t à fin septembre 2010, ce qui donne une vitesse de croisière de 350 000 t par an.
« Après la secousse du Point d’entrée communautaire (PEC) concernant les importations de bois, les trafics globaux sont de l’ordre de 200 000 m3, soit 100 000 t. » Un marché globalement stable que se partagent plusieurs sociétés et dont l’AMB a réalisé 6,6 % du tonnage cette année. Une stabilité qui se retrouve peu ou prou dans le créneau des engrais, livrés en big bags pour la plupart.
C’est dans le domaine de l’aliment pour bétail que l’AMB a réussi une notable percée ces dernières années. « Passant de 50 000 t à 100 000 t, nous avons effectivement bien progressé ces 4 à 5 dernières années, constate Jean-Luc Winter en avançant plusieurs explications. Les provenances différentes et le regroupement de coopératives ont modifié le centre de gravité des livraisons. Et Saint-Malo a su en profiter en s’organisant comme il le fallait face à cette nouvelle donne. »
« Une révolution culturelle »
Malouin jusqu’au bout des ongles, Jean-Luc Winter sait pourtant sortir du port intérieur de la cité corsaire pour regarder ailleurs et envisager d’intéressantes synergies au niveau de la Bretagne. Il y a un an qu’il travaille ainsi sur un projet de guichet unique en Bretagne pour tous les ports bretons. « Conservant son indépendance, sa spécificité et son propre système d’information, chaque partenaire pourrait alimenter un système général susceptible d’intéresser des interlocuteurs tels que la Région, la Douane, les transporteurs et les ports, explique-t-il. Chacun pourrait remplir les fiches d’info en sa possession et en retirer celles qui l’intéressent. » Communiquées en temps réel sur le guichet unique, ces informations seraient ainsi bien plus fluidifiées. Ce guichet unique pourrait d’ailleurs regrouper d’autres partenaires tels que les aéroports, les plate-formes logistiques sèches ou les conteneurs.
« Dans l’hinterland de Saint-Malo, à une heure de route seulement, 100 000 conteneurs transitent annuellement par la route. En tant que service de manutention maritime, est-ce que je ne pourrais pas proposer un feeder qui les acheminerait sur Brest, par exemple? » s’interroge Jean-Luc Winter, conscient qu’il faut d’abord que tous les acteurs en soient informés et convaincu que ce projet de guichet unique « est un projet très intéressant pour l’espace commun breton ».
Des discussions sont d’ailleurs déjà en cours avec l’Union armoricaine des transports (UAT) de Brest. Si Jean-Luc Winter admet qu’il s’agit-là « d’une révolution culturelle » dans la façon de travailler des agences maritimes de manutention, il veut néanmoins y croire.