Le mouvement social marque le pas à Marseille. Même les 32 agents du terminal conteneurs de Mourepiane qui, jusque-là, jouaient les irréductibles, ont repris les manettes de leurs portiques. Une entente sur les conditions de leur versement dans la structure de manutention baptisée Med Europe Terminal a finalement été trouvée. Ceux que le patronat désignait comme occupant « le meilleur job du monde », sont donc rentrés dans le rang. Sur les bassins Est, on met les bouchées doubles. Signe de bonne volonté, les dockers de Marseille Roro-Intramar ont opéré, « en dérogation au mouvement », le navire de l’armateur turc un roro sur sa récente ligne.
L’information a à peine surnagé dans la bataille de l’énergie qui occupe les esprits. La paralysie des terminaux pétrole bloque l’approvisionnement en brut de 6 des 12 raffineries françaises, et immobilise 80 navires en rade de Fos . La capitainerie du port assure qu’il n’existe « quasiment plus de place au mouillage ». À bord des pétroliers, quelque 3,8 Mt de brut et de raffinés s’accumulent. En attendant, Patrick Daher, président du conseil de surveillance du GPMM, explose: « Maintenant, ça suffit, il y en a ras-le-bol. Le port, notre région, les entreprises qui travaillent avec le port, la population, ne peuvent être éternellement otages d’un petit groupe d’individus qui sont traités de façon très privilégiée ». Lors d’une conférence de presse, aux côtés de Jean-Claude Terrier, il a menacé « de revenir à une application stricte de la loi » en mettant fin à la filiale contrôlée à 60 % par l’établissement public. Le conflit tiendrait aujourd’hui à l’épaisseur d’une feuille de paie, celle sur laquelle les agents du pétrole voudraient voir perdurer la mention GPMM. La montée sur la scène médiatique des dirigeants du GPMM, plutôt muets tout au long du conflit, augure-t-il l’ouverture d’une porte de sortie? Les forces des agents des hydrocarbures commencent à se ressentir au bout d’un mois de grève. D’autant que la pression syndicale se desserre. Le dépôt pétrolier de Fos, régulièrement dégagé par les forces de l’ordre, laisse couler ses robinets. Les salariés d’Exxon, une des quatre raffineries en grève, ont décidé de reprendre le travail.