En mai, l’Union Maritime et Fluviale Marseille-Fos a jugé qu’il y avait urgence à mener la réforme portuaire à son terme. Aujourd’hui, l’association professionnelle estime que « la réforme portuaire est dans une impasse et que l’avenir est menacé ». « Personne ne semble prendre la mesure de la menace qui pèse sur nos emplois, si les grèves continuent de désorganiser, voire briser l’activité des terminaux portuaires (rouliers, conteneurs, pétrole) », est-il expliqué dans un communiqué de presse. Suivant l’UMF, les mouvements nationaux de grève observés par les personnels d’exploitation (manutention et grutiers) pour faire reconnaître la pénibilité de leur travail dans le cadre de la réforme des retraites ont mis non seulement « les négociations au point mort », mais conduisent « de nombreux chargeurs [à prendre] leurs dispositions pour supprimer, cette fois-ci durablement, Marseille-Fos de leurs flux logistiques ». Et de conclure: « Nos entreprises ne peuvent plus accepter de payer le prix fort de ces conflits, qui se situent dans un contexte où le GPMM n’exerce pas les pouvoirs dont il dispose à l’encontre de ses agents pour faire cesser des grèves dont le caractère abusif et l’application systématique sont, à l’évidence, condamnables. »
Si l’UMF avance dans son communiqué « les nombreuses annulations d’escale (53 % en août à Fos conteneurs) », elle n’évoque pas les dysfonctionnements estivaux dans l’organisation de l’exploitation du terminal de Fos qui perduraient encore au mois de septembre. Stephen Snijder, directeur général de MSC France, a dû ainsi se rendre au siège de l’Union maritime et fluviale, le 24 septembre, pour entendre les doléances et prendre la mesure de « la catastrophe ». Devant les portes des deux manutentionnaires, Eurofos et Seayard, une file ininterrompue de camions en attente s’est étirée pendant longtemps. Suivant TLF Méditerranée, il n’était pas rare que les temps d’attente des transporteurs, avant d’être opérés, atteignent les six heures.
Alors que pendant les mois de juillet et d’août la reprise mondiale du trafic conteneurs n’a pu être assurée faute de personnel (en vacances) et de l’immobilisation d’une partie du quai du terminal consolidé en urgence, le mois de septembre a vu un autre fait perturber les opérations de manutention. Seayard, qui réalise depuis le 1er septembre, la manutention de MSC (en perspective de Fos 2XL où les deux sont partenaires), a eu du mal à encaisser les nouveaux volumes sans terre-pleins et outils de manutention supplémentaires. Un dysfonctionnement informatique de sa « gate » est venu se rajouter créant une congestion sur terre qui a touché son voisin et concurrent Eurofos.
Michel Mattar, secrétaire général de TLF Méditerranée, qui a provoqué la réunion entre les acteurs concernés, juge les mesures prises avec le DG de MSC France et les représentants du GPMM « très positives ». Seayard a pu prendre possession de surfaces supplémentaires bord à quai (5 ha) dont il avait demandé à bénéficier auprès du GPMM depuis juin dernier. Le manutentionnaire a ajouté deux cavaliers sur le yard. Un aménagement routier a été réalisé (corridor et zone d’attente) pour dissocier l’accès aux portes d’Eurofos et de Seayard. Enfin, la promesse a été faite d’instituer un système de prise de rendez-vous avec les transporteurs chez les deux manutentionnaires fosséens.
C’est dans ce contexte que les nouveaux mouvements sociaux observés dans le cadre de la réforme de la retraire retombent comme une chape de plomb sur les professionnels.