Les événements maritimes en France sont peu nombreux. L’ouverture de la première autoroute de la mer en Atlantique a été tellement attendue qu’elle aurait dû être une journée agréable.
Il a fallu que des agents portuaires décident de brûler des pneus et d’envahir un rond-point à l’entrée du terminal de Montoir pour que la fête vire au mauvais rêve, sans être un cauchemar. Dès l’annonce de la manifestation, le secrétaire d’État aux Transports et à la Mer a décidé de rebrousser chemin. En face, les agents portuaires demandent les emplois promis par la réforme portuaire et une véritable négociation sur la pénibilité dans leurs métiers. Alors cette inauguration est devenue une première. D’abord parce qu’elle a mis en service un nouveau concept sur la côte Atlantique, et ensuite parce qu’un ministre a montré l’étendue de son courage face à l’adversité. N’écoutant que son premier ministre, il a préféré partir outre-Pyrénées pour inaugurer cette ligne. Était-ce pour éviter de jeter de l’huile sur le feu face à des réformes (portuaire et des retraites) qui attisent la vindicte populaire, ou simplement parce qu’à quelques jours de son départ de la rue du Bac, il ne souhaite plus l’affrontement verbal? J’ai déjà assisté à des inaugurations dans lesquelles les manifestants se sont invités. Les seules attaques physiques l’ont été avec des tomates ou des légumes avariés. Doit-on avoir peur des tomates? Quand un gouvernement entreprend une réforme, il devrait aller au bout de ses opinions et affronter avec courage les embûches qui parsèment le chemin.