Le secrétaire d’État chargé des Transports, Dominique Bussereau, devait inaugurer le 16 septembre la première autoroute de la mer (lire encadré) entre les ports de Montoir-de-Bretagne (port de Nantes Saint-Nazaire) et Giron (nord de l’Espagne). Le but: désengorger les axes routiers transpyrénéens, notamment la nationale 10, et réduire l’impact environnemental du transport de fret en transférant les camions de la route vers la mer. Cette ligne est exploitée par Louis Dreyfus Armateurs avec son partenaire italien Grimaldi à travers leur société commune GLD Atlantique. La ligne est opérée par un navire de type roulier passagers, dit « ro-pax », d’une capacité de 150 remorques et pouvant accueillir jusqu’à 800 passagers. Au démarrage, trois allers-retours hebdomadaires sont prévus, pour viser ensuite une augmentation de rotation (7 départs), favorisant ainsi un transfert plus important de la route vers la mer.
Début septembre, Joël Batteux, dans les colonnes du quotidien Presse Océan, ne semblait pas emballé par l’ouverture de cette ligne: « C’est un bon signe. C’est du cabotage amélioré, pas une autoroute de la mer (…). L’État et l’Europe ne savent pas installer une taxe sur les transports routiers. Le lobby fait peur, mais personne ne discute avec lui (…). L’offre n’est pas tout à fait substantielle (…) et, si ça se plante, ce sera pour longtemps. » Même analyse de Gilles Denigot, ex-docker à Montoir, conseiller général Verts, pour qui la liaison Montoir-Gijón et ses trois rotations par semaine ne sont qu’un ersatz d’autoroute maritime. Il est vrai que l’on est loin du concept de départ préconisé en mars 2003 dans le rapport du sénateur de Richemont, c’est-à-dire une liaison cadencée de navires rouliers entre la France et l’Espagne, avec trois départs quotidiens depuis chaque port et la construction de six navires rouliers dédiés à ce trafic. Le port de Nantes Saint-Nazaire, en association avec celui de La Rochelle, avait même proposé, en 2004, une autoroute maritime transgascogne entre Montoir et Bilbao, avec six navires. Ce projet a été approuvé par le Comité interministériel d’aménagement du territoire. Il devait revenir à 400 M€. Pour l’heure, cette ligne s’apparente plus à du short sea (cabotage entre deux ports européens) qu’à une autoroute de la mer.
Ce projet, avec un autre, s’inscrit dans les objectifs du Grenelle de l’Environnement et figure parmi les 22 projets sélectionnés par la Commission européenne dans le cadre du programme Marco Polo en 2010, bénéficiant à ce titre d’un financement de 4 M€. Le 2 juillet, le Parlement français a ratifié le décret sur la sélection, la mise en œuvre et le financement des autoroutes de la mer entre la France et l’Espagne sur la façade Atlantique-Manche-mer du Nord. Le Parlement espagnol l’ayant approuvé le 20 mai. L’accord limite à 15 M€ le montant des subventions de chaque État à chacun des groupements. Il stipule que l’ensemble des aides des États, des subventions communautaires et des autres concours publics aux sociétés exploitantes ne devra pas dépasser 35 % des coûts. L’autre autoroute de la mer entre Montoir et Vigo, d’une part, et entre Algésiras, Vigo et Le Havre d’autre part, devrait être exploitée, en 2011 par Autopista del Mar Atlantica, constituée par la Compagnie maritime Trasmediterrranea avec les ports concernés.