Du blé à moudre pour le maritime

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Les premiers mois de la campagne céréalière s’annoncent sous de bons auspices. Lors de son dernier conseil, tenu le 8 septembre, France AgriMer a donné ses premières estimations pour la campagne actuelle. Les exportations sur le marché mondial du blé français pourraient atteindre 11 Mt. Ce blé serait surtout destiné aux pays tiers. Ce trafic constituerait un tonnage record pour le marché français et viendrait battre les exportations de la dernière campagne, le précédent record.

Si les prévisions sont plutôt à l’optimisme en ce début de campagne, cela tient surtout à une récolte abondante tant en qualité qu’en quantité. Une bonne récolte française qui pourrait se trouver améliorée par des conditions à l’international bien particulières. En effet, les productions russes et ukrainiennes ont sérieusement souffert de la sécheresse et des incendies pendant l’été. « La mer Noire est devenue un véritable parking avec des navires en attente de chargements pour l’Afrique du Nord et les pays du sud de l’Europe », explique un courtier. Localement, les armateurs sombrent dans le pessimisme ambiant. Dans une dépêche de Reuters le premier ministre ukrainien, Mykola Azarov, assure que l’Ukraine dispose de suffisamment de blé pour couvrir les besoins nationaux et les demandes d’export. Néanmoins, la récolte a perdu 6 Mt à 40 Mt, soit une diminution de 13 % par rapport à la dernière campagne céréalière. Pour Xavier Rousselin, chef de l’unité des grandes cultures de France AgriMer, les meilleurs remplaçants aux capacités du blé russe sur l’Afrique du Nord demeurent les produits européens.

Cette situation de la mer noire n’est pas unique dans le monde, Les premières estimations de la récolte en Argentine et en Australie, deux exportateurs mondiaux majeurs dans ce secteur, ne laissent pas entrevoir de records.

Des conditions qui sont une aubaine pour les ports français. « Nous n’avons pas établi de records sur les premiers mois de cette campagne, explique Martin Butruille, directeur commercial du Grand Port maritime de Rouen. Nous abordons cette campagne sous de bons auspices tout comme les deux précédentes. » Selon le responsable du premier port céréalier européen, certes la bonne récolte française et les problèmes inhérents à la mer Noire jouent en faveur de la France, mais aussi la parité entre le dollar et l’euro est un élément favorable au marché français. De plus, l’office égyptien en charge de l’achat de blé sur le marché international, GASC, a désormais autorisé le chargement d’une cargaison dans deux ports. Auparavant, les Égyptiens demandaient de charger l’ensemble de la cargaison dans un seul port, ce qui pénalisait des établissements dont les tirants d’eau ne pouvaient accueillir des navires de trop grand tonnage. Avec la levée de cette interdiction, le Grand Port maritime de Rouen espère tirer profit de cette nouvelle donne. Par ailleurs, la signature d’un accord cette semaine entre la maison de négoce japonaise Marubeni et le manutentionnaire rouennais spécialisé dans les céréales, Sénalia, va peser en faveur du port normand (voir notre article p. 31). Enfin, le 9 septembre, l’Union européenne a accordé des certificats à l’exportation pour 943 000 t de blé, portant ainsi le volume depuis le début de la campagne à 4,3 Mt. « Il s’agit du plus gros volume jamais autorisé depuis la fin des restitutions en novembre 2007 », note une dépêche de Reuters. Et sur le total de ces certificats, la France emporte la plus grosse part avec 714 000 t contre 117 000 t pour l’Allemagne, 26 000 t pour la Lettonie et 24 425 t pour la Roumanie. Tous les indicateurs sont au vert pour une campagne exceptionnelle mais il reste un point qui retarde les records: des taux de fret encore trop élevés. En sortie de Rouen, le blé se vend aux alentours de 220 €/t en ce mois de septembre quand il a été cédé à environ 130 €/t en juin. « Les acheteurs attendent de voir les taux baisser », explique Martin Butruille. À Bordeaux, le 25 août, le premier record de chargement pour le port s’est établi en chargeant 36 960 t dans un navire. Le marché des céréales a sensiblement pesé sur les indices des taux de frets maritimes. Le Baltic Panamax Index a gagné quelques points ces derniers jours. Seuls les navires de type Handymax, coincés en mer Noire, travaillent à des taux faibles pour des cargaisons d’acier vers la Méditerranée.

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