Quand terre et mer s’opposent

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Le 27 août, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, a présenté devant le Conseil de sécurité de l’ONU un rapport sur les mesures à prendre face à la piraterie maritime au large des côtes somaliennes. À la lecture de ce rapport, tous les représentants des pays soulignent l’importance des causes de la piraterie: l’État de non-droit qui règne en Somalie. Et pour lutter contre la piraterie maritime, ils préconisent de régler surtout la situation à terre. Rendre au gouvernement somalien les moyens de sa politique de sécurité pour éradiquer au plus vite les actes de piraterie. C’est un peu comme s’il était demandé au gouvernement français d’interdire le lisier pour la production agricole bretonne afin de réduire la pollution maritime. Alors, Jack Lang a du pain sur la planche. Peut-on croire qu’en réglant les difficultés terrestres de la Somalie, la piraterie maritime se réglera d’autant? Il faudrait être bien naïf pour ne pas voir ce qui se passe réellement. Dans le détroit de Malacca, au large de Singapour et de la Malaisie, la piraterie a longtemps été et reste encore un souci majeur pour les États bordant cette route. Peut-on valablement parler d’un « État de non-droit » localement? Depuis des décennies que la piraterie tente d’être éradiquée, quelle décision de justice a véritablement joué un rôle moral incitant les auteurs de ces actes à renoncer à leurs forfaits? Il faut combattre une filière mafieuse et, en la matière, les États ont toujours échoué face à ces pratiques, qu’elles soient maritimes ou terrestres. Ne soyons pas défaitistes et imaginons que demain, toute la filière soit identifiée et mise sous les verrous. Les forces navales étrangères seront alors démobilisées et d’autres prendront la place des précédentes. À l’inverse, faut-il laisser le soin à ces organisations alternatives de gérer les routes maritimes en lieu et place des intervenants légalement accrédités? Cela reviendrait à donner de nouveaux droits à des sociétés privées sur le domaine public international. Doit-on laisser le sort des 80 marins philippins actuellement entre les mains des pirates à la seule volonté des armateurs de payer la rançon demandée? Ce débat plus politique que juridique doit se tenir entre toutes les parties intéressées, à savoir les organisations internationales, les États régionaux, les États des pavillons mais aussi les organisations sociales des marins, dans leur sens le plus large. Autour de la table, il ne faudrait pas oublier les principaux intéressés que sont les Somaliens qui trouvent dans la piraterie une nouvelle forme de revenus. Si la solution est difficile à trouver, il est douteux de croire que les discours tenus au siège de l’ONU à New York s’appliquent littéralement dans les eaux internationales de l’océan Indien.

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