Le port de Bordeaux ne faillit pas en conservant, à l’issue de la dernière campagne céréalière, sa place de premier port européen exportateur de maïs. Pour ce cru 2009/2010, le million de tonnes de maïs a ainsi été atteint. « Or, sur les quatre dernières campagnes, on ne dépassait plus le million de tonnes. On doit cette phase ascendante à une bonne récolte, mais surtout à des taux de frets intéressants et une parité euro/dollar favorable qui a permis au maïs européen d’être compétitif », analyse Thibault Guillon, responsable de ce trafic au Grand Port maritime de Bordeaux.
Toutes céréales confondues, le port enregistre ainsi un tonnage de 1,12 Mt à l’export, soit une augmentation de 7,5 % par rapport à la campagne précédente. « On peut donc qualifier cette campagne de “moyenne bonne”, car, même si on a gagné du tonnage sur le maïs, on en a perdu sur le blé – 106 000 t réalisées pour cette campagne – et l’orge. Au final, on est en dessous de nos exports habituels qui tournent autour de 1,2 Mt. » La page des 2 Mt réalisés au début des années 2000 semble désormais bel et bien tournée. Ces dernières années, une demande croissante de l’Espagne, qui fait venir la marchandise par camions tout comme la production locale de bioéthanol, consommatrice de maïs, a pesé sans conteste sur les exports maritimes.
Pour les opérateurs céréaliers, désormais, la carte majeure à jouer pour augmenter les tonnages serait de miser sur le multicéréales. Des efforts ont été faits dans ce sens pour améliorer le stockage et la traçabilité et développer ainsi les exports de blé et d’orge. « Tout un travail a aussi été entrepris en amont avec les coopératives pour proposer un meilleur blé présentant un taux de protéine plus élevé. Le défi pour l’avenir est d’arriver à sortir de cette image de port monocéréalier », indique Thibault Guillon.
95 % du marché pour trois opérateurs
Durant cette dernière campagne, près de 880 000 t ont été réalisées par les deux opérateurs principaux du port, basés à Bassens, In Vivo et SPBL, qui ont, tout en restant indépendants, mutualisé dernièrement leurs surfaces de stockage. Les 250 000 t restantes proviennent de l’activité de la Semabla de Blaye. Ces trois opérateurs captent, en effet, 95 % du marché céréalier dans un rayon de 150 km autour de Bordeaux sur six départements parmi lesquels la Gironde (20 % des approvisionnements), la Charente (22 %), le Lot-et-Garonne (17 %), la Charente-Maritime (13 %)… Les destinations ne varient guère depuis des années. Les amidonneries du Royaume-Uni importent près d’un tiers du trafic global, suivies par le Portugal, l’Espagne, L’Irlande, les Pays-Bas…