Marché mondial: la seconde meilleure récolte de blé
La récolte de blé de 2009, qui sert de point de départ à la campagne 2009/2010 (juillet 2009/juin 2010), s’inscrit en seconde position en importance dans le monde. En 2008, la production de blé s’est élevée à 686 Mt, niveau historique jamais égalé. Avec 676 Mt, la production de 2009 se positionne juste derrière. Le blé dur, avec 41 Mt produites, a réalisé pour sa part son record historique. La campagne 2009/2010 est la seconde (après celle de 2008/2009) à être marquée par une consommation inférieure à la production, une situation qui a contribué à reconstituer les stocks mis à mal par plusieurs campagnes déficitaires.
La légère diminution de la production de blé s’est retrouvée essentiellement chez les principaux exportateurs mondiaux (Union européenne, États-Unis, Canada, Argentine), mais aussi chez quelques nouveaux intervenants (Ukraine en particulier). L’un des importateurs traditionnels de blé français, le Maroc, a réalisé une très bonne récolte 2009 (6,4 Mt contre 3,7 Mt en 2008). L’Égypte est demeurée le premier importateur mondial avec 9 Mt, soit… 7 % du marché mondial.
Côté orge, la récolte 2009 s’est située à 148 Mt, soit 4,5 % de moins qu’en 2008. La campagne a été marquée par une baisse notable des échanges. L’Arabie Saoudite est le premier importateur mondial (environ 7 Mt), tandis que l’Ukraine occupe la première place des exportateurs.
France: fortes exportations sur pays tiers
En ce qui concerne la France, la récolte de blé s’est située à 36,5 Mt, contre 37,1 Mt en 2008, soit 1,4 % de contraction, d’après les chiffres de FranceAgriMer. Compte tenu d’un stock de report un peu plus élevé, le volume disponible est en légère hausse (+ 3 %) à 36,3 Mt. Les utilisations intérieures (fabricants d’alimentation animale, panification, amidonnerie, biocarburants…) ont progressé de 6,6 % à 15,6 Mt.
Au niveau des échanges, la campagne 2009/2010 a été bonne. Globalement, les tonnages exportés en grains (farine exclue) ont atteint 17,1 Mt contre 16,5 Mt un an plus tôt. « La France a exporté près de 9,8 Mt de blé sur pays tiers, un résultat record proche de l’année 1984/1985 pendant laquelle 10 Mt avaient été exportés », a souligné début juillet Michel Ferret, chef du service marchés et études filières chez FranceAgriMer. Pourtant, la campagne avait suscité quelques inquiétudes en début de période, en raison de la réduction des importations des clients traditionnels (Maghreb) et du rapport peu favorable euro/dollar. La barre était fixée en septembre 2009 à 8,5 Mt sur pays tiers.
La situation s’est finalement améliorée au fil des mois, avec une seconde moitié de campagne extrêmement active, dopée par la baisse de l’euro. Plusieurs destinations ont enregistré des tonnages significatifs, comme l’Égypte (1,4 Mt à fin avril) ou le Yémen (530 000 t à fin avril). La décision de l’Égypte à mi-campagne de durcir les conditions de son cahier des charges (cargaisons de 60 000 t, un port de chargement) a pénalisé Rouen, premier port européen d’exportation de céréales. Ailleurs, les pays d’Afrique de l’Ouest ont également réceptionné davantage de blé français. Les ventes de blé sur l’Union européenne ont totalisé pour leur part 7,1 Mt (+ 5,7 %).
Sur le front de l’orge, la situation a été beaucoup moins favorable avec seulement 650 000 t sur pays tiers (− 46,5 %) et 4,3 Mt sur l’UE (+ 5,7 %).
Campagne 2010/2011: une production en baisse
Pour 2010, la dernière prévision de récolte publiée par le Conseil international des céréales fin juillet, fait état d’un chiffre de 651 Mt de blé pour la planète, soit 26 Mt de moins qu’en 2009. La consommation repasserait au-dessus du niveau de production avec 655 Mt, les échanges étant évalués à 120 Mt (− 4 Mt).
La Russie, marquée par une canicule exceptionnelle, doit faire face à une forte réduction de sa production. Courant août, l’USDA (US Départment of Agriculture) a prévu un volume de 45 Mt pour la récolte russe de blé, contre 61,7 Mt un an plus tôt. Vladimir Poutine, Premier ministre de la Fédération, a d’ailleurs décidé de bloquer les exportations russes jusqu’en décembre. Dans ce contexte, les prix du blé ont fortement augmenté. Pour sa part, la FAO (Food and Agriculture Organization, organe de l’ONU) a estimé début août que, malgré la baisse de la production de blé, l’offre était suffisante.
Quant à la France, FranceAgriMer et Arvalis, l’Institut du végétal, indiquent que, pour le blé tendre, « au 10 août, l’estimation de la production est légèrement supérieure à 35 Mt. Le rendement moyen national, évalué à 71 quintaux/ha, serait proche de la moyenne quinquennale (71,2 quintaux/ha) ».