Le bien nommé Cosette et le sablier Cdt-Mortenol occupent inutilement des postes à quai et l’esprit de l’administration des Affaires maritimes.
Le premier est un roulier de 45 ans plutôt en bon état, appartenant à un Américain qui avait oublié de payer quelques droits de port et autres frais de pilotage. Affrété par la communauté haïtienne pour charger les voitures d’occasion des îles de la Caraïbe, il est bloqué à Fort-de-France par ses créanciers, ravis de le retrouver dans un État de droit. Ses 17 membres d’équipage se sont retrouvé « abandonnés » en France où ils ont bénéficié de toute la procédure du « marin abandonné ». Le Cosette, sans équipage, attend maintenant d’être fixé sur son sort.
Le Cdt-Mortenol est une affaire « franco-française ». Drague de 75 m financée par double défiscalisation via un grand établissement bancaire métropolitain, le Cdt-Mortenol a été livré en septembre 2000, à son exploitant la Sablière guadeloupéenne (Sagua). Au bout de cinq ans, la copropriété le vend à une compagnie chypriote qui doit en prendre livraison en Martinique après travaux, en septembre 2009. L’équipage, entièrement français, invité à quitter le bord à la livraison s’y refuse compte tenu des indemnités qui lui sont proposées. Un bras de fer s’engage alors. Par deux fois, le tribunal de Martinique ordonne à la copropriété de mener à leur terme et correctement les négociations de licenciement avec les marins qui sont passés de neuf à six. À la mi-juin, le Cdt-Mortenol était toujours en bout de quai à Fort-de-France. Une association de protection des quirataires s’est créée.