Le défi de la relation ville/port au cœur des préoccupations

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L’Association de gestion des ports de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AGPAOC), en partenariat avec l’Association internationale ville port (AIVP), a retenu la thématique du défi de la gestion des relations ville/port dans le cadre des travaux de réflexions des directeurs généraux de l’AGPAOC. La journée de travail était présidée par le vice-président de l’AIVP et représentant de l’Afrique à l’AIVP et l’ensemble des travaux s’est tenu sous l’auspice du président et du secrétaire général de l’AGPAOC. Les échanges d’expériences ont retenu plusieurs problématiques fortes comme l’environnement naturel et social, les enjeux de l’aménagement des interfaces ville/port ou encore les modalités de la gouvernance des développements modernes d’une agglomération et d’un grand établissement portuaire.

Les expériences des ports du Ghana et du Nigeria ont permis de saisir le subtil équilibre qui doit être instauré entre les composantes économiques, sociales et environnementales afin de permettre une gestion intégrée et concertée. Les ports ghanéens de Téma et Takoradi se sont dotés de Strategic Environmental Assessments soutenant une politique gouvernementale de gestion de la problématique environnementale par les autorités portuaires elles-mêmes. La création d’une plate-forme permettra également de s’aligner sur les plus hauts standards requis par l’OMI en matière de gestion des pratiques environnementales. Les deux pays anglophones ont illustré, s’il le fallait encore, que l’environnement est devenu un sujet tout aussi essentiel en Afrique subsaharienne dans les développements et extensions portuaires.

L’expérience très documentée du Port autonome d’Abidjan a souligné le renforcement des liens institutionnels entre la capitale économique de la Côte d’Ivoire et le plus grand port à conteneurs de toute la sous-région. Le secrétaire général de la Communauté portuaire d’Abidjan a illustré le changement des pratiques de gestion et de gouvernance impliquant de facto toutes les autorités compétentes dans un périmètre très élargi incluant toute l’agglomération et le port. Des solutions concertées permettent de penser les plans de circulation des citoyens et des marchandises. Le Port autonome d’Abidjan a montré aussi les impacts négatifs d’une interpénétration trop forte entre une grande ville et un grand port. Les pollutions urbaines entravent les circulations des navires à fort tirant d’eau et les écoulements urbains perturbent la navigabilité avec la croissance incontrôlée des végétaux aquatiques. Ces interférences posent aussi d’autres problèmes plus anthropiques encore puisque le PAA déplore que 60 % de ces réserves foncières soient occupées de manière illégale par des populations illicites. Néanmoins, le cadre permanent de collaboration entre les organismes institutionnels soutient une structuration nouvelle et innovante du territoire urbano-portuaire d’Abidjan.

Autre sujet qui a passionné l’auditoire et les directions générales des autorités portuaires présentes, l’exposé du spécialiste de DC Consult basé au Danemark sur les potentialités nouvelles de la croisière dans les ports et les villes de l’Afrique subsaharienne. Le deuxième orateur est revenu sur les éléments essentiels à suivre pour assumer une interaction positive entre toutes les parties prenantes d’une communauté urbaine et portuaire. L’orateur de l’Iper a mis en avant les 5 C et les 10 règles qui apparaissent en quelque sorte comme un fil conducteur de pratiques nouvelles d’intermédiation. Une série d’exemples au sein de la communauté havraise a permis aussi de montrer les bénéfices directs d’une collaboration étroite avec les chercheurs, les organes de formation et les professionnels portuaires. Le Port du Havre, de part ses actions, apparaît très en avance dans la stimulation des réflexions sur les relations ville/port, dans le sillage d’une institution internationalement reconnue: l’AIVP.

Le cas des croisières

L’exposé du troisième orateur de la deuxième session a couvert un thème radicalement novateur dans la relation ville/port en Afrique subsaharienne: le cas des croisières. Après avoir retracé l’évolution récente de ce secteur, l’orateur a mis en avant de manière très précise les besoins, attentes, enjeux et défis à relever pour assumer que l’Afrique de l’Ouest et du Centre représentent les derniers espaces à conquérir pour les spécialistes de la croisière. Bien sûr, l’expert a immédiatement rappelé les atouts de la sous-région: plus de 20 pays très diversifiés, une nature exceptionnelle, un héritage culturel à valoriser, un climat unique et des possibilités pour les opérateurs de croisières d’agencer des rotations maritimes très efficaces entre des ports très proches les uns des autres. Il n’a pas manqué de soulever aussi les enjeux et défis comme la sécurité, la qualité des services, les structures hôtelières et portuaires encore peu adaptées, le manque de promotion et de capacités touristiques pour l’accueil des croisiéristes, etc. Toutefois, des rotations existent déjà avec plusieurs ports de l’AGPAOC déjà desservis en direct avec des navires de petites capacités, d’où la préconisation de fédérer un réseau nouveau des ports de croisière de l’AGPAOC avec une mutualisation des efforts pour assumer cette nouvelle opportunité de moderniser les ports mais aussi les villes de toute la sous-région.

Le maire de Douala au Cameroun, ou encore le directeur général des ports du Cap-Vert ont soulevé les changements radicaux en cours qui permettent d’assumer dans de meilleures conditions les développements urbains et portuaires. Le port de Mindelo dispose d’un projet de recomposition urbano-portuaire des plus impressionnants, avec la construction d’autant d’infrastructures gazières, conteneurisées que pour les croisières. À Lomé, le président du port a mentionné une situation très originale puisque le directeur général du port est également le maire de la ville. Une emphase particulière a permis de prendre conscience des avancées sociales et sociétales permises grâce aux actions entretenues et financées par le port autonome de Lomé (soutien aux associations locales, financement d’un centre médical, d’une école maternelle ou encore des sorties des pompiers du port au service de la ville).

En guise de conclusion, le directeur de l’Iper, au Havre, modérateur de la journée, a proposé un projet d’ouvrage collectif reprenant la quintessence des échanges et des présentations de la journée en partenariat avec l’AIVP, co-organisateur.

Autre suggestion issue des échanges, l’opportunité de créer au sein de l’AGPAOC une charte portuaire avec un code de conduite afin de clarifier le rôle de chacune des parties prenantes dans la gestion des relations ville/port. Cette proposition s’argumente du fait qu’elle permettrait de soutenir la mise en place de toutes les réglementations nationales et internationales en vigueur, notamment en matière environnementale.

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