Il ne reste plus de doute. La raffinerie a cessé ses activités le 16 septembre pour cause de dépression conjoncturelle profonde, et de surcapacité conjoncturelle du raffinage ouest européen. Total a jugé que son usine de Dunkerque, pourtant la plus récente, d’une capacité de raffinage de 7 Mt de brut, était la plus inadaptée au marché.
Pour le port de Dunkerque, les conséquences sont lourdes. En termes de trafic, on parle de 10 Mt, soit 7 Mt de brut et 3 Mt de raffinés perdus. Total conserve le site, demeure donc locataire du GPM et devrait générer de l’ordre de 2 Mt de trafic en activité dépôt logistique pour l’hinterland nordiste. Total RF comptait pour 15 M€ dans le chiffre d’affaires du GPM Dunkerque-Port. Ce dernier, en baisse de 11,4 % en 2009, a atteint 73 M€, dont 33,5 M€ de droits de ports et 25 M€ de recettes domaniales. Ce n’est qu’en 2012, première année pleine de la réforme portuaire, suivant l’arrêt du raffinage, que les comptes seront vraiment connus. La véritable question est de savoir où se situera la marge brute d’autofinancement (entre 20 M€ et 35 M€, ce dernier chiffre étant ce que Dunkerque-Port pouvait espérer quand la réforme a été votée). Et donc, selon ce résultat, quels seront les investissements réellement possibles? Une négociation est en cours avec Total pour une éventuelle compensation à la place avant l’entrée en service du terminal méthanier.
Les services portuaires sont touchés à hauteur de 12 % à 15 % de leurs chiffres d’affaires. Quatre consignataires sont particulièrement impactés, ainsi que le remorquage, le pilotage et à moindre mesure le lamanage. Les conséquences pour les décisions d’investissement peuvent être importantes pour la place. En réduisant les flottes de remorqueurs ou de pilotage avant l’entrée en service du terminal méthanier, les services s’interdiraient de rentrer ou sortir simultanément un grand porte- conteneurs, comme un grand minéralier ou pétrolier. Il n’est pas question d’augmenter les tarifs, alors que la place se trouve en concurrence avec Zeebrugge, le plus compétitif des ports de la rangée en coûts bruts d’escale. Tel est le dilemme, exposé par la présidente du directoire, Martine Bonny, devant le Conseil de développement durable de la Communauté urbaine de Dunkerque le 19 mars dernier.
Décision attendue pour le terminal méthanier
Le terminal méthanier a franchi tous les obstacles administratifs permettant le lancement du projet de terminal méthanier. Le 9 avril, le préfet du Nord a signé les arrêtés, d’une part d’autorisation d’aménagement du terminal, d’autre part d’autorisation d’exploitation de ce terminal. L’Adelfa, l’association fédérative des mouvements de défense de l’environnement et de la santé des riverains de l’industrie dunkerquoise, dépose un recours, non suspensif. Le rapport de la commission d’enquête avait été remis le 15 mars. Le permis de construire est délivré depuis la mi-2009.
Le terminal est porté par le GPM Dunkerque-Port, et la société Dunkerque LNG, filiale d’EDF. Total a publié la ferme intention de se joindre au projet. Il comprend principalement un poste de réception de méthanier capable d’accueillir jusqu’aux QMax de 266 000 m3, et deux, voire trois (si le marché est favorable) stockages de 190 000 m3. L’investissement est évalué provisoirement à 70 M€ pour Dunkerque-Port et à 700 M€ pour l’industriel. La capacité d’émission sera comprise, selon les stockages, de 10 Mdm3 à 13 Mdm3 de gaz vers les réseaux. Soit un trafic de 80 à 120 escales de méthaniers par an, pour 5 Mt à 7 Mt de trafic de gaz naturel liquide importé. Ces escales nécessitent une recomposition adaptée de la flotte de remorqueurs.