Le 28 janvier, la présidente du directoire de Dunkerque-Port, Martine Bonny, a confirmé à la presse tenir fermement le cap investissement du plan stratégique de Dunkerque. La présidente a tenu le même discours sept semaines plus tôt à Lille devant les chargeurs nordistes. Ce plan est le troisième pilier de la réforme portuaire, à côté du transfert des équipements et agents de manutention du GPM aux entreprises de manutention et du changement de gouvernance.
Cependant, ce plan pose question. Il a été établi avant la crise de 2008-2009, et surtout avant la disparition du raffinage de Total. Le GPM affichait l'ambition d'atteindre 70 Mt en 2013, contre 57,7 Mt en 2008. Désormais, le point bas se situe entre 40 Mt et 45 Mt. Par ailleurs, le plan s'appuyait sur une marge brute d'autofinancement du GPM relativement confortable, permettant de financer entre un tiers et la moitié des 75 M€ d'investissements prévus. Entre l'arrêt de la raffinerie et les débuts espérés en 2015 du terminal méthanier, la présidente Martine Bonny a chiffré, en public, le 19 mars, à 40 M€ le manque à gagner du GPM.
Problème d'horizon
Enfin, secoués par la crise, les chargeurs du port de Dunkerque sont eux aussi amenés à réduire leurs ambitions et à s'adapter à la nouvelle donne. Le terminal méthanier semble du coup plutôt bien parti. Par contre, qui peut prédire l'avenir des hauts fourneaux du groupe ArcelorMittal en Europe occidentale? Depuis un mois, le groupe, dirigé de main très ferme par la famille actionnaire, s'est montré extrêmement réactif aux événements. De diverses sources internes au groupe, s'en est fini des plans d'investissements à long terme, au profit de décisions immédiates et sans appel. La partie défensive du plan (notamment la réhabilitation des infrastructures menacées et la mise à niveau des réseaux routiers et ferroviaires du GPM) ainsi que l'amélioration des accès ferroviaires soutenus par la Région seront réalisées. Dès que les maîtres d'ouvrage auront pris leurs décisions, la nouvelle infrastructure du terminal méthanier devrait également prendre place au programme. L'amélioration de l'accès aux terminaux Ouest des grands porte-conteneurs semble également acquise, car il s'agit d'une demande pressante des armateurs et des services de pilotage et remorquage. Le creusement d'une nouvelle darse centrale au port Ouest a, au départ, été suggéré par ArcelorMittal, pour la réalisation d'un hub européen de ses grands vracs. Mais Dunkerque-Port manque de quais pour le long terme et surtout de vastes terre-pleins aménagés. C'est surtout dans cet esprit de perspective à long terme, bien au-delà de l'horizon stratégique de la plupart des chargeurs, que se justifient de tels grands projets. Mais dans un contexte budgétaire resserré, sans demande expresse d'un chargeur, le plan stratégique sera plus difficile à justifier.
Les prévisions pour l'année 2010
Au début de l'exercice, le GPM Dunkerque-Port a prévu 46,35 M€ d'investissement, dont 55 % dans les secteurs énergie et vracs. La première phase du terminal méthanier, le doublement du terminal multivracs et l'extension des terre-pleins de Dunkerque Multibulk Terminal (DMT) sur le bassin minéralier étaient les opérations majeures. La nécessité de reconstruire le quai Silonor modifie la teneur de cette dernière opération. Pour les dessertes ferroviaires, 4 M€ sont inscrits. Le solde est réparti entre les études de futurs terminaux conteneurs (bassin du Pacifique, en prolongement du bassin de la Baltique) et diverses opérations de consolidation.
Le plan dunkerquois à grands traits
En application de la loi de réforme portuaire du 4 juillet 2008, le Conseil de surveillance du GPM Dunkerque-Port a adopté son plan stratégique 2009-2013, le 3 avril 2009. Ce plan prévoit 368 M€ d'investissements sur cinq ans. Il prévoit en gros 90 M€ en maintien du patrimoine, 11 M€ en consolidation de trafics existants, et 266 M€ d'investissements « offensifs », dont 61,5 M€ pour les dessertes ferroviaires, 152 M€ pour le terminal méthanier et le grand hub européen vrac avec les débuts du creusement du bassin de la Baltique (qui ne peut être achevé dans ce délai), et 54 M€ pour les conteneurs et la logistique (amélioration des accès au bassin de l'Atlantique existant, éventuellement allongement au sud de ce bassin, nouveaux terre-pleins et accès routiers…).