Fondée en 1993, l’association, qui compte aujourd’hui plusieurs milliers de membres, pensait atteindre son but en dix ans. Lors d’une conférence le 9 juin à Chaville en région parisienne, son président Bénédict Donnelly a fait le point de la situation en compagnie de l’historien de marine Jean-Marie Pujo. En 1780, l’Hermione a permis à La Fayette de traverser l’Atlantique pour confirmer à Washington que la France lui enverra de l’argent, six vaisseaux et 5 000 soldats en renfort commandés par Rochambeau. Le navire a ensuite participé à la bataille de la Chesapeake (5 septembre 1781), décisive pour l’indépendance des États-Unis. L’association, qui veut faire de l’Hermione une ambassadrice permanente de l’amitié franco-américaine, a associé son projet aux infrastructures historiques de l’arsenal de Rochefort, remises en état à partir de 1970: la Corderie royale de Colbert, la forme de radoub datant de Louis XV, première d’Europe édifiée en maçonnerie, et celle de Napoléon III avec deux bateaux-portes.
Succès à pérenniser
Cet environnement historique a favorisé un engouement du public pour la « cathédrale de bois » de l’Hermione: plus de trois millions de touristes depuis 1997, 250 000 visiteurs et près de 20 000 écoliers par an pour voir travailler des compagnons et artisans, venus de toute la France et même d’ailleurs. L’association investit 150 000 € par an pour les fidéliser en modifiant l’itinéraire de visite en fonction de l’avancement des travaux et en mutualisant les équipes d’animateurs avec la Corderie royale. Ce succès populaire a des retombées considérables, il finance 40 % du projet! La Ville de Rochefort, le département de Charente-Maritime, la région Poitou-Charentes, l’État et même l’Union européenne apportent 35 %. Le reste est assuré par des entreprises et organisations mécènes: Crédit agricole, Moët Hennessy, Galeries Lafayette, fondation Gould et une trentaine de PME/PMI du « Cercle Hermione ». La reconstruction de l’Hermione a déjà coûté 19 M€. « L’association n’a pas de dettes, on va donc réemprunter », indique Bénédict Donnelly. Il faut en effet trouver 5 M€ pour terminer la construction du navire et acheter les équipements pour le voyage transatlantique. Les dons en ligne avec déduction fiscale sont donc très appréciés! Déjà le 6 mai, l’association a conclu un contrat de 800 000 € avec un consortium de voileries régionales. La présidence de la République a accordé une subvention de 200 000 € et son haut patronage pour mobiliser les grandes entreprises françaises aux États-Unis. Les marines française et américaine fourniront l’équipage. Accor assurera gratuitement la restauration à bord. Des comités de soutien se constituent dans une cinquantaine de villes d’Amérique du Nord: l’Hermione se rendra notamment aux Antilles, à Annapolis, Newport, New York, Boston et Québec d’avril à juillet 2013.
Et après? D’après Bénédict Donnelly, l’Hermione doit durer cinquante ans. Elle naviguera trois mois par an et restera le reste du temps dans la forme Napoléon III, dont la Marine nationale remplacera les bateaux-portes. Son budget d’entretien est évalué à 500 000 € par an. Il faudra aussi choisir un commandant, ayant l’expertise des grands voiliers et breveté marine marchande, et recruter un équipage d’une vingtaine de marins salariés. L’environnement de l’Hermione reste encore à définir. Enfin, last but not the least, la création d’une fondation pourrait intéresser des sponsors américains!