Bordeaux: du virtuel à la barre

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« Tire le remorqueur pour un évitage tribord », « C'est bon, ton arrière est clair », « Allez, je réessaie à 10 nœuds avec un peu de vent nord-ouest. » Entourés de huit écrans, couvrant une vision de 210o, deux pilotes bordelais s'essaient au nouvel outil de simulation de navigation 3D installé depuis avril sur le site portuaire de Bacalan. À la barre d'un pupitre de commandes, plongés au cœur de ce paysage numérisé, reproduction fidèle de la zone entre Pont d'Aquitaine et pont de pierre jusqu'à la couleur de la Garonne « Mississipi » plus vraie que nature, les pilotes enchaînent les manœuvres. Depuis un PC, un opérateur paramètre les exercices, variant les vecteurs courants, force du vent, taille du navire, puissance du remorqueur… Une révolution technologique pour les pilotes girondins qui disposent pour la première fois d'un tel outil, détenu déjà par ailleurs, dans une gamme plus technique, par leurs collègues de Nantes, du Havre et bientôt de Marseille. « Depuis la mi-avril jusqu'à fin juin, une formation spéciale est organisée pour les 21 pilotes bordelais dans un objet précis: s'entraîner au franchissement du futur Pont levant Bacalan-Bastide qui doit être construit sur la Garonne », explique Christophe Reux, président des pilotes au port de Bordeaux. Une première série de tests, réalisés en 2002, avait jugé problématique le passage de navires de plus de 200 m sous ce pont. La CUB, Communauté urbaine de Bordeaux, a donc décidé de mettre la main à la poche pour louer un simulateur de navigation confectionné par Transas Méditerranean qui a intégré la modélisation de données de courant réalisée par la société Safege.

Feu vert pour les navires de croisière

« Ce matériel plus sophistiqué a permis de refaire des tests durant une semaine, soit plus de 80 franchissements simulés prenant en compte diverses configurations météo dont certaines critiques. Il en est ressorti que pour un navire de croisière tel que le Crystal-Symphony, qui fréquente le port de Bordeaux et mesure 238 m de long, son passage sous le pont ne pose pas de problème s'il est effectué avant la pleine mer, avec un courant et un vent faibles », note Christophe Reux. La question serait d'ailleurs plus complexe que la simple longueur des navires, l'âge et la puissance des navires pouvant entrer en compte pour franchir ce pont qui a le « malheur » de se trouver en sortie de courbe et dont la levée du tablier prend 40 mn et offre un passage de 100 m de large. Une réflexion est par ailleurs en cours pour prévoir un lieu d'accostage sur Bassens en cas de problèmes techniques. Au total, la levée du tablier pour franchir le futur pont devrait concerner environ 25 navires de croisière par an, les barges d'Airbus et les remorqueurs ne nécessitant pas d'actionner le pont levant. Convaincus par l'efficacité d'un tel outil de simulation, les pilotes bordelais ont réclamé avec insistance son maintien permanent dans les locaux du port. « La CUB a pris un engagement ferme d'acquérir ce matériel et de le laisser tout le temps à notre disposition. Il nous permettra ainsi de nous entraîner sur d'autres zones pour, par exemple, l'accueil de navires plus importants sur Bassens et d'Ambés ou pour le trafic granulats de Grattequina », conclue Christophe Reux.

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