Les principales raisons de cette absence de flotte sont la politique d'apartheid du pays et les restrictions imposées aux navires sud-africains, consécutives aux sanctions économiques internationales. Cependant, malgré seize années de démocratie, la marine marchande sud-africaine a poursuivi son déclin. Peu de progrès ont été accomplis pour former et intégrer la grande majorité de la population noire qui a été exclue de la participation à l'activité économique maritime. Des facteurs historiques, socio-économiques et politiques uniques sur le plan local ainsi que l'environnement international ont contribué à modeler la politique maritime de l'Afrique du Sud d'aujourd'hui. En 1993, le rapport de la commission d'enquête sur une politique maritime nationale établit qu'elle « est actuellement plus libérale que protectionniste » et repose sur la notion que le transport maritime est un mode autorégulateur qui, historiquement, a produit des services suffisants en qualité et en quantité pour les besoins du commerce par mer de l'Afrique australe. Sur le plan réglementaire, l'Afrique du Sud maintient l'un des régimes maritimes les plus libéraux dans le monde, à savoir:
– absence de règles sur le cabotage; les trafics côtiers sont ouverts à tous les navires et pavillons, sans que la politique de « ports ouverts » ne menace en aucune façon les transporteurs locaux;
– absence de réservation multilatérale, bilatérale ou unilatérale de cargaisons; aucune marchandise n'est réservée aux navires sous pavillon national;
– absence de préférence de pavillon ou de discrimination de pavillon. C'est la politique de « ports ouverts » qui accorde le même traitement à tous les navires dans les ports, selon la formule « premier arrivé, premier servi »;
– il n'y a eu aucune tentative d'influence en termes de chargements à l'export ou à l'import.
La seule implication formelle de l'État en matière de transport maritime concerne le système de conférences selon l'Ocean Freight Agreement (OFA), accord tripartite entre les navires de la SAEC (South Africa Europe Container Service), l'État et le PPECB (Bureau de contrôle des exportations des produits périssables). Selon les termes de l'accord, les transporteurs de la conférence s'engagent sur une certaine qualité de service, le PPECB apporte son soutien à la conférence pour l'exportation de fruits et d'agrumes et l'État autorise le transport de cargaisons du secteur public sur des navires de la conférence avec des taux de fret renégociés chaque année. L'OFA, particulier au trafic des conférences maritimes entre l'Afrique du Sud et l'Europe, n'est pas un exemple de préférence de pavillon, car la préférence a été donnée à des navires de diverses nationalités de la conférence. Cependant depuis 1996, date du démantèlement du PPECB, le trafic northbound de marchandises sous froid a été ouvert, les chargeurs étant libres de mener leurs propres négociations. Il n'existe aucune autre intervention de nature réglementaire en Afrique du Sud, sinon pour les normes de sécurité.
Réviser le régime fiscal
En 1987, le régime fiscal sud-africain en matière maritime était généralement considéré comme favorable et comparable dans ses grandes lignes à la taxe au tonnage avec des paramètres incitatifs pour les armements occidentaux. Il n'y avait donc pas lieu de le modifier. Depuis, le contexte fiscal du transport maritime international a changé considérablement et n'est plus aussi favorable aux armements et opérateurs locaux, qui doivent affronter la concurrence internationale sur une base fiscale inéquitable.
Le « Ship Registration Act » de 1998, qui autorise les compagnies maritimes à immatriculer leurs navires en Afrique du Sud, n'est que la première étape pour rendre le registre national suffisamment attractif pour inciter les armements sud-africains à rapatrier leurs navires et même les compagnies étrangères à profiter de la dépréciation du rand. Quoique ces mesures législatives aient été considérées comme un pas dans la bonne direction, seule la création d'un environnement fiscal compétitif semble susceptible d'exercer un impact supérieur à toute initiative de politique maritime. Pour la communauté maritime, la révision du régime fiscal apparaît indispensable à la promotion du transport maritime en Afrique du Sud, par le biais de la création d'autres compagnies locales et le passage de navires étrangers sous pavillon national.
Le gouvernement s'est engagé à améliorer l'efficacité de toute la chaîne de transport, afin de réduire les coûts globaux liés au commerce avec l'Afrique du Sud. Dans ce but, il entreprend un vaste programme d'investissements pour moderniser les ports, pipelines et voies ferrées. Toutefois, la marine marchande poursuit son déclin, causé surtout par une fiscalité moins favorable et qui ne semble guère évoluer vers un changement. La poursuite de mesures protectionnistes ou de promotion pourrait permettre de développer le secteur local du transport maritime qui pourrait ensuite devenir compétitif.
Les effets de la mondialisation en Afrique
L'Afrique du Sud se place parmi les douze premiers pays du monde pour le transport maritime, exprimé en tonne/mille.
Un mode d'évaluation similaire montrerait que le transport maritime en Afrique est sous-estimé dans l'ensemble, mais que les défis à relever sont immenses. D'abord, les infrastructures portuaires et les dessertes ferroviaires et routières doivent être remises à niveau. Ensuite, les pays africains eux-mêmes doivent endosser la responsabilité de formuler les stratégies et d'appliquer les mesures nécessaires pour réaliser une croissance économique rapide et réduire la pauvreté. L'Afrique, deuxième continent du monde par sa surface, dépend entièrement de ses ports, principales portes d'accès économiques à son hinterland. Or, cette dépendance doit faire face aux positions monopolistiques des grandes compagnies et alliances maritimes mondiales et aux demandes croissantes d'installations plus grandes et mieux adaptées, d'équipements plus modernes et de services plus efficaces. Malgré ces difficultés, le véritable potentiel de l'Afrique, en termes de ressources naturelles sans pareilles, permet de penser que ses avantages économiques l'emporteront sur la plupart de ses faiblesses.