Provoquée par une grève des marins de la SNCM et de la CMN fin février qui protestaient contre l'arrivée de la compagnie Moby Lines sur Toulon, la mission Revet n'avait pas le devoir de trancher. Les marins CGT de la SNCM et de la CMN viennent de réclamer la suspension de la ligne ouverte depuis le 1er avril par la Moby Lines entre Bastia et Toulon (4 rotations par semaine), au motif que la compagnie italienne n'est liée par aucune obligation de service public (OSP). Ils s'appuient pour cela sur un point de droit communautaire et public.
La desserte maritime corse a déjà été bouleversée ces dernières années (sur la période 2001-2009, l'offre s'est accrue de 1 260 000 places pour une croissance du trafic de 750 000 unités). L'arrivée de Moby Lines, en guerre ouverte avec la Corsica Ferries sur la péninsule italienne, risque de tout faire chavirer cette année. Attirée par l'importance du marché (et aussi l'aide sociale), Moby Lines propose 200 000 places sur Toulon entraînant la riposte de Corsica Ferries (+ 250 000 places à Toulon et + 200 000 places à Nice). Malgré la réduction des ferries à Marseille (250 000 places), conséquence de la réduction de la délégation de service public (DSP) décidée par l'OTC en décembre dernier, la SNCM s'est redéployée sur Nice (400 000 places). Au total, on relève quelque 900 000 places supplémentaires (+ 20 %) offertes en 2010. « On peut prévoir sans beaucoup de risque une chute des remplissages cette année et un nouveau cycle infernal de baisse des prix, alors qu'il faudrait les augmenter: cette spirale de diminution des prix ne peut que porter un coup fatal au régime de la DSP sur Marseille », avertit Marc Reverchon, DG de la CMN. De son côté, Pierre Mattéi, DG de la Corsica Ferries, constate que « la surabondance de l'offre se présente comme le contraire de ce qui déclenche le service public (la carence, NDRL), ce qui demande un réexamen des conditions du service public ». Enfin, par la voix de ses dirigeants, la Moby Lines réclame toujours le droit de bénéficier de l'aide au passager « social », ce qui de fait le ferait rentrer dans le régime OSP. On attend la décision de la collectivité corse à qui il appartient de trancher dans cette bataille navale, juste à la veille des grands départs estivaux.