Un commerce qui fait feu de tout bois

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Le commerce international de bois est une donnée difficile à compiler. Selon Ed Pepke, spécialiste des produits forestiers dans la section des bois à l'Unece/FAO, le marché mondial des échanges de bois et produits forestiers a représenté 600 Md$ en 2008, soit un doublement sur les six dernières années. Dans sa revue annuelle du marché des produits forestiers sur 2008 et 2009, la section bois de la Commission des Nations Unies pour l'Europe a mis en évidence les effets de la crise économique mondiale sur l'industrie papetière mondiale. « Le volume total des extractions de bois ronds a fléchi de 10 % en 2008 pour passer à 1,2 Mdm3, niveau le plus bas depuis 1999. » Cette diminution de la production a bien entendu eu des effets négatifs sur les échanges. La revue annuelle de l'Unece/FAO met en exergue une baisse des importations de bois ronds, « la plus faible depuis 2004 », alors que les granulés et les importations de copeaux progressent notamment sous l'effet des politiques publiques en faveur de l'énergie provenant du bois.

Il ressort aussi des derniers rapports sur l'économie des produits forestiers une nette tendance pour le développement des importations chinoises. L'empire du Milieu devient un acteur majeur dans ce marché quand, dans le même temps, les États-Unis voient leur demande s'affaisser.

En France, le trafic global de produits forestiers, regroupant tant les bois que les produits dérivés est estimé, selon les chiffres des Douanes, entre 7 Mm3 et 8 Mm3. Ces bois sont soit en importation depuis les zones tropicales, soit à l'exportation depuis la production sylvicole nationale.

Au départ des ports français, les bois sont relativement peu nombreux. Ils entrent comme des données variables et dépendent des aléas climatiques. Une tempête, à l'image de Klaus, et ce sont plusieurs milliers de tonnes de bois à exporter. Lors de la tempête Klaus, le port de Bayonne a su surfer sur cette vague. Il a tenté de fidéliser une partie de la sylviculture locale pour continuer à exporter leurs produits depuis ses quais.

La majorité du trafic de bois dans les ports français concerne essentiellement des importations depuis les pays tropicaux. Pour France Nature Environnement (FNE), entre 20 % et 30 % du bois arrivant en Europe est illégal. Régulièrement, des navires sont arraisonnés par des groupes écologistes pour alerter l'opinion publique sur la provenance douteuse de certains produits. Par illégal, FNE entend des bois coupés hors concessions forestières ou sur des concessions obtenues illégalement, des bois provenant de zones protégées ou de sociétés dont les déclarations de coupes sont inférieures à la réalité. « Ces bois illégaux ne doivent pas cacher toutes les sociétés qui travaillent dans le cadre légal et qui font des efforts pour respecter une gestion précise de leurs coupes et de la gestion de leurs productions », souligne un responsable du FNE.

Les instances européennes se sont saisies de ce dossier. « L'Europe a une responsabilité sur le bois importé sur son territoire », rappelle le responsable du FNE. Elle a donc décidé de mettre sur pied un programme d'action appelé Flegt, acronyme anglais pour « applications des réglementations forestières, gouvernance et échanges commerciaux ». L'Union européenne propose par ce programme d'actions une réponse au problème de l'exploitation illégale des forêts et à son commerce associé. Il vise à créer des conditions pour favoriser le bois légal. Pour les entreprises, ce programme européen pourrait créer des lourdeurs administratives difficiles à gérer. Une critique que FNE réfute. Selon l'organisation écologiste, il est plus question de valoriser les entreprises se conformant aux règles. « Flegt est avant tout valorisant pour la filière », assure le FNE. Du côté des pays exportateurs, la loi européenne ainsi que le texte américain (Lacey Act, luttant contre le commerce de bois illégal) peuvent poser des problèmes. Dans un article du Courrier du Viet Nam, le secrétaire général de l'association des constructeurs de meubles craint que ces textes scient la branche sur laquelle il est assis. « Ces deux lois obligeront les importateurs et détaillants de presque tous les produits à base de végétaux à fournir des justificatifs sur leur origine. Elles poseront donc une série de difficultés aux entreprises vietnamiennes, notamment pour trouver des sources de bois légales, de qualité et à des prix abordables répondant aux besoins du marché, et ce dans le contexte où une grande partie du bois brut transformé au Vietnam est importée. »

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